L’annonce par Donald Trump d’un « état d’urgence énergétique », marquée par des promesses de forage massif aux États-Unis, a entraîné une baisse mondiale des prix du baril de pétrole, estimée à 1,4 % en moyenne. Cette décision a été accueillie par des applaudissements lors de son discours d’investiture, mais suscite des inquiétudes croissantes, notamment en Afrique, où plusieurs économies sont fortement dépendantes des revenus pétroliers.
Donald Trump a réaffirmé sa vision d’une Amérique leader sur le marché mondial de l’énergie. En annonçant une augmentation de la production de pétrole et de gaz, il vise à réduire la dépendance américaine aux importations, tout en baissant les prix de l’énergie. Cette stratégie inclut également la suspension de l’Inflation Reduction Act, freinant ainsi les efforts pour promouvoir les énergies renouvelables. Ce virage vers une exploitation intensive des ressources fossiles pourrait restructurer les marchés internationaux en augmentant considérablement l’offre globale.
L’Afrique est particulièrement vulnérable à ces bouleversements. Des pays comme le Nigeria, l’Angola et l’Algérie, où le pétrole représente une large part des recettes publiques et des devises, pourraient voir leurs équilibres macroéconomiques compromis. D’autres nations, comme le Gabon ou la Guinée équatoriale, bien que moins productrices, dépendent également du pétrole pour financer leurs importations. En Libye, où la reconstruction reste une priorité, la baisse des cours pétroliers compromet les ambitions de relance économique.
Alors que les cours du pétrole pourraient rester bas dans les mois à venir, les perspectives pour les pays africains restent sombres. La lente adaptation des prix à la pompe, souvent entravée par des structures tarifaires complexes, limite les bénéfices d’un pétrole moins cher pour les consommateurs. Pendant ce temps, les pertes de recettes fiscales se font sentir immédiatement, contraignant les gouvernements à revoir leurs budgets. Les marchés surveillent de près l’évolution des politiques américaines, sans vision claire des mesures à long terme.
Au Nigeria, principal producteur africain, la situation est critique. Les décisions du président Bola Tinubu, visant à supprimer les subventions sur les produits pétroliers et à libéraliser le taux de change du naira, prennent une nouvelle tournure. Si la baisse des prix du pétrole rend caduque la suppression des subventions, elle aggrave la crise des devises. La dépréciation du naira pourrait s’accentuer, affectant directement le pouvoir d’achat et les capacités d’importation du pays.
Pour l’ensemble des économies africaines dépendantes du pétrole, il devient urgent d’envisager des réformes structurelles. Diversifier les sources de revenus, investir dans des secteurs porteurs et revoir les politiques énergétiques sont des pistes nécessaires pour atténuer les effets des fluctuations pétrolières. La transition énergétique, bien que coûteuse, pourrait à terme offrir une alternative viable à la dépendance actuelle, mais nécessite des efforts concertés au niveau régional et international.