Dans son discours annuel sur l’état de la nation, prononcé ce jeudi soir, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a réaffirmé l’importance de l’implication de son pays dans le processus de paix en République Démocratique du Congo (RDC). Tout en rendant hommage aux quatorze soldats sud-africains tombés en mission dans l’est du pays, il a précisé que la fin de l’engagement militaire sud-africain serait conditionnée à une résolution pacifique du conflit. Le chef de l’État mise sur le sommet conjoint de la SADC (Communauté de Développement de l’Afrique Australe) et de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) prévu ce week-end pour trouver des solutions durables au conflit.
Ramaphosa a d’abord honoré la mémoire des soldats sud-africains décédés en mission, soulignant qu’ils ne sont pas morts pour des raisons liées aux ressources ou au pouvoir, mais dans le but de contribuer à la paix. Il a réaffirmé l’engagement continu de l’Afrique du Sud en faveur d’une résolution pacifique de l’un des conflits les plus complexes du monde. Le président a insisté sur le rôle clé que jouent les soldats de la paix sud-africains, en précisant que le pays continuera à plaider pour un cessez-le-feu immédiat et des négociations de paix dans le cadre du sommet de la SADC et de l’EAC, avec pour objectif de mettre fin à l’escalade des violences.
La situation à l’est de la RDC reste l’un des conflits les plus meurtriers et complexes du continent africain, avec des dizaines de groupes armés luttant pour le contrôle de ressources stratégiques et des territoires. L’Afrique du Sud, membre de la SADC et de l’EAC, a envoyé des troupes dans la région dans le cadre d’une mission de maintien de la paix, à la demande des Nations Unies. Cette présence militaire a suscité de vives réactions au sein de l’opinion publique sud-africaine, notamment des critiques de partis d’opposition comme l’Alliance Démocratique, qui remettent en question l’exposition des soldats sud-africains à des risques importants.
Le sommet conjoint des deux organisations régionales, qui se tiendra ce week-end, pourrait marquer un tournant dans la gestion du conflit. Le président Ramaphosa mise sur cette rencontre pour exiger un cessez-le-feu immédiat et la reprise des négociations entre les belligérants. Cette initiative diplomatique a pour objectif non seulement de garantir la sécurité des troupes sud-africaines, mais aussi de permettre un désengagement progressif de la force militaire. La résolution de ce conflit serait également un signe fort de la capacité de l’Afrique à résoudre ses propres crises.
La décision de maintenir des troupes sud-africaines en RDC a provoqué de nombreuses tensions politiques au sein du pays. L’Alliance Démocratique (DA), principal parti d’opposition, a exprimé ses inquiétudes concernant la sécurité des soldats et leur manque de soutien logistique. John Steenhuisen, le leader du parti, a souligné que l’exposition des soldats à un tel risque sans un soutien adéquat était inacceptable. La pression politique interne pourrait pousser le gouvernement à accélérer le processus de désengagement, d’autant plus que les corps des soldats décédés devraient être rapatriés dans les jours à venir.
Au-delà du conflit en RDC, le discours de Cyril Ramaphosa a également abordé les tensions diplomatiques avec les États-Unis, notamment avec l’administration de Donald Trump. Le président sud-africain a réaffirmé la position ferme de l’Afrique du Sud face aux pressions internationales, après l’annonce de l’absence de la secrétaire d’État américaine, Antony Blinken, au sommet des ministres des Affaires étrangères du G20 à Johannesburg, prévu pour la fin février. Cette déclaration met en lumière la volonté de l’Afrique du Sud de défendre ses intérêts souverains, tout en poursuivant son engagement en faveur de la paix sur le continent africain.