Le président roumain Klaus Iohannis a annoncé, lundi 10 février, sa démission, anticipant ainsi la procédure de destitution engagée contre lui. Cette décision intervient après l’annulation du premier tour de la présidentielle en décembre, une situation inédite en Roumanie et dans l’Union européenne. Confronté à une vague de contestation populaire et à une crise institutionnelle grandissante, le chef de l’État a déclaré vouloir éviter une instabilité politique prolongée.
L’élection présidentielle, initialement prévue pour désigner son successeur, a été invalidée après la victoire surprise de Calin Georgescu, candidat d’extrême droite. Des soupçons d’ingérence russe ont conduit à cette annulation, suscitant un vif débat dans le pays. Malgré cela, Klaus Iohannis avait choisi de rester en poste jusqu’au scrutin reprogrammé en mai, une décision qui a provoqué de vives tensions, avec des manifestations massives dénonçant un « coup d’État ». Face à l’intensification des pressions politiques et populaires, le Parlement s’apprêtait à se réunir pour trancher sur son avenir.
Cette crise politique s’inscrit dans un contexte de tensions accrues en Europe de l’Est, où les ingérences étrangères et la montée des forces nationalistes préoccupent les institutions européennes. Klaus Iohannis, pro-européen convaincu, a dirigé la Roumanie depuis 2014, défendant l’intégration du pays dans les structures occidentales. Son départ précipité marque un tournant majeur, alors que la Roumanie tente de préserver sa stabilité démocratique face à ces perturbations inédites.
Avec la démission effective du chef de l’État, c’est Ilie Bolojan, président du Sénat et leader des libéraux, qui devrait assurer l’intérim jusqu’à la tenue d’une nouvelle élection. Ce passage de relais intervient alors que l’extrême droite, galvanisée par cette crise, appelle à une relégitimation du scrutin. George Simion, leader du parti AUR, a ainsi qualifié la démission de Klaus Iohannis de « victoire du peuple » et réclamé la reprise du processus électoral dans les plus brefs délais.
Au-delà des tensions internes, cette affaire soulève des inquiétudes à Bruxelles, où la Commission européenne a décidé d’ouvrir une enquête sur les accusations de manipulation électorale via TikTok. L’éventuelle influence de puissances étrangères sur le scrutin roumain pose des questions plus larges sur la résilience démocratique de l’UE face aux cybermenaces. La Roumanie, alliée stratégique au sein de l’Union et de l’OTAN, devra rapidement clarifier la situation pour éviter un isolement diplomatique.
Alors que le pays entre dans une période d’incertitude, les observateurs s’interrogent sur les conséquences à long terme de cette crise. Le retour des électeurs aux urnes sera décisif pour définir l’orientation politique de la Roumanie et mesurer l’impact des récents événements sur la montée des forces populistes en Europe. La transition devra être menée avec prudence afin de préserver l’ordre institutionnel et d’assurer la crédibilité du processus électoral.