Le général Abdourahamane Tiani, actuel leader du Niger, a nommé la commission des Assises nationales en vue de piloter la transition politique du pays. Cette commission est dirigée par Dr Mamoudou Harouna Djingarey, un acteur politique reconnu, et comprend plusieurs personnalités influentes, dont l’ancien Premier ministre Ibrahim Assane Mayaki. Sa mission principale consiste à préparer un avant-projet de Charte de la Transition et à coordonner un plan de communication destiné à soutenir ce processus crucial.
La commission, qui dispose de trois semaines pour remettre son rapport final, est composée de cinq sous-commissions. Chacune est dédiée à des domaines stratégiques : la paix et la sécurité, la refondation politique, l’économie, la géopolitique, et la justice. Ces thèmes reflètent les priorités du régime militaire pour garantir une transition stable et inclusive, en adressant les défis politiques et socio-économiques majeurs du Niger. La rédaction de la Charte de la Transition s’impose comme une étape clé, permettant de définir les principes et les structures gouvernementales à adopter durant cette phase transitoire.
La mise en place de cette commission intervient dans un contexte marqué par le renversement du président Mohamed Bazoum, le 26 juillet 2023, suite à un coup d’État militaire. Ce bouleversement a exacerbé la situation sécuritaire déjà fragile, notamment en raison des attaques des groupes jihadistes dans le Sahel. La transition a été rendue nécessaire par la volonté de restaurer l’ordre constitutionnel tout en répondant aux aspirations populaires de réformes politiques profondes. La communauté internationale, notamment la CEDEAO, suit de près l’évolution de la situation, exigeant un retour rapide à l’ordre constitutionnel tout en garantissant la stabilité.
Les perspectives liées à cette commission sont cruciales. Le rapport de la commission devra proposer un cadre précis pour la gestion de la transition, ce qui pourrait influencer directement la durée et les modalités de retour à un gouvernement civil. Au-delà de la Charte de la Transition, la commission devra également formuler des recommandations sur la sécurité, l’économie et la politique étrangère. Les décisions qui en découleront devront tenir compte des attentes populaires, mais aussi des pressions extérieures, notamment de la part des pays voisins et des organisations internationales.
Certains observateurs estiment que la commission, bien qu’importante pour établir des bases solides pour la transition, pourrait se heurter à des obstacles internes, notamment des divergences au sein des parties prenantes. La présence d’anciens ministres et figures politiques pourrait, selon certains analystes, être un atout pour une transition inclusive, mais pourrait également être perçue comme un retour à des élites souvent critiquées pour leur gestion passée. La mise en place d’une communication transparente sera donc essentielle pour garantir la confiance de la population.
Des experts en gouvernance et en sécurité saluent la mise en place de cette commission comme une avancée nécessaire pour structurer la transition. Cependant, la question de la mise en œuvre des recommandations reste un défi majeur. Les tensions internes et les rivalités politiques pourraient compliquer l’application des mesures décidées. Certains acteurs de la société civile, tout en exprimant leur espoir d’une transition réussie, rappellent la nécessité d’une véritable participation citoyenne pour éviter de nouvelles dérives autoritaires et garantir un avenir démocratique pour le Niger.