Le 38ᵉ sommet annuel de l’Union africaine a débuté mercredi 12 février à Addis-Abeba, marquant une étape cruciale dans la vie de l’organisation. La priorité affichée : désigner un nouveau président de la Commission pour succéder au Tchadien Moussa Faki Mahamat. Ce choix intervient à un moment où l’UA est fortement critiquée pour son incapacité à endiguer la multiplication des crises sur le continent.
Les réunions du Conseil exécutif, organisées en amont de la rencontre des chefs d’État prévue ce week-end, illustrent l’urgence de redéfinir la stratégie de l’organisation. Le vote à venir sur la présidence de la Commission est perçu comme décisif, dans un contexte où l’UA doit répondre à la fois aux attentes de ses membres et aux critiques internationales concernant son efficacité.
Le sommet se tient alors que le continent est en proie à une série de crises interconnectées. Entre le conflit meurtrier au Soudan, la reprise violente de la guerre dans l’est de la RDC avec un risque d’escalade régionale, la crise post-électorale au Mozambique et la menace terroriste persistante au Sahel, l’UA doit également composer avec la suspension de six pays suite à des prises de pouvoir militaires. Ces éléments témoignent d’un environnement particulièrement complexe et instable.
Face à ces défis, les perspectives se dessinent autour d’un renouveau du leadership de l’UA. Dans son discours inaugural, Moussa Faki Mahamat a pointé les faiblesses structurelles – manque de financements, rivalités internes et querelles de leadership – tout en appelant à une mobilisation collective des dirigeants africains. L’arrivée potentielle d’un président issu de l’Angola est envisagée comme une opportunité pour redéfinir les mécanismes de coopération et renforcer l’action multilatérale.
Parallèlement, des tensions internes continuent de fragiliser l’image de l’organisation. La récente réélection du commissaire nigérian Bankole Adeoye, malgré des critiques récurrentes sur son absence lors de crises majeures (du Tigré au Soudan, et désormais dans l’est de la RDC), illustre les difficultés de cohésion et de gestion des priorités au sein de l’UA. Ce constat renforce le sentiment que des réformes profondes sont nécessaires pour restaurer la crédibilité de l’institution.
Dans le contexte de la crise à l’est de la RDC, le ministre kenyan des Affaires étrangères, Musalia Mudavadi, a insisté sur le rôle stratégique que pourrait jouer la nouvelle présidence de l’UA. Selon lui, le leader angolais, en collaboration avec des partenaires régionaux tels que le Zimbabwe à la tête de la SADC, aura l’opportunité d’harmoniser les processus de paix de Luanda et de Nairobi. Ce rapprochement des initiatives pourrait constituer un levier essentiel pour instaurer une stabilité durable dans la région.