Une trentaine de ressortissants de la République démocratique du Congo ont bravé le froid de Winnipeg samedi pour dénoncer les violences meurtrières qui secouent l’est de leur pays. Réunis sur le parvis du Palais législatif, ils réclament une enquête canadienne sur la situation des droits de l’homme en RDC, dans l’espoir d’attirer l’attention sur un conflit trop souvent ignoré.
Les manifestants, arborant des pancartes et scandant leurs revendications, dénoncent particulièrement les exactions perpétrées par le groupe armé M23. Ce dernier, qualifié d’antigouvernemental et soutenu par des forces rwandaises, est pointé du doigt pour sa brutalité dans le Nord-Kivu. Le collectif souhaite ainsi que le Canada, en tant qu’acteur international influent, utilise sa position pour enquêter sur ces violations des droits fondamentaux.
Le conflit qui déchire l’est de la RDC s’inscrit dans une longue histoire de luttes liées aux ressources naturelles et à des rivalités ethniques. Depuis la création du M23 en 2012, la région du Nord-Kivu subit des violences récurrentes, faisant écho à des épisodes tragiques antérieurs. Les témoignages poignants rappellent une mémoire douloureuse, marquée par des abus de pouvoir et une exploitation sans vergogne des richesses souterraines congolaises.
Face à l’escalade de la violence, plusieurs acteurs de la diaspora congolaise espèrent une réponse rapide des autorités canadiennes. Certains demandent même l’envoi d’une équipe d’enquête à l’est de la RDC afin de garantir le respect des droits humains. Dans un contexte international où les enjeux géopolitiques se mêlent aux aspirations légitimes des populations locales, l’implication du Canada pourrait marquer un tournant décisif dans la quête de justice.
Des voix comme celle de Berkmans Assani témoignent de l’horreur quotidienne vécue par leurs proches restés en RDC. Pour lui, le contraste entre le calme précaire de Goma et l’angoisse à Bukavu illustre une réalité trop souvent occultée. L’activiste Paul Kambaga, coorganisateur de la manifestation, insiste sur l’importance de l’unité au sein de la communauté congolaise, rappelant que la solidarité est indispensable pour défendre un pays meurtri par des décennies de conflits.
Au-delà des cris de détresse, certains manifestants soulignent que le Canada, déjà interpellé par d’autres dossiers internationaux, pourrait jouer un rôle d’intermédiaire stratégique. En évoquant les récentes tensions avec les États-Unis et le spectre d’une ingérence similaire de la part du Rwanda, ils appellent à une démarche qui conjugue humanité et intérêt géostratégique. Tandis que le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, prévient d’un risque d’escalade régionale, l’appel des Congolais réaffirme le besoin urgent d’une intervention équilibrée et respectueuse des droits humains.
Source : Radio Canada