En ce mois dédié à l’histoire des Noirs au Canada, AfricaPresse.com a le privilège de s’entretenir avec Stanislas Bell, Manager de l’équipe des services aux visiteurs au Musée canadien pour les droits de la personne. Situé à Winnipeg, ce musée unique en son genre se consacre à la promotion des droits humains et à la transmission de l’histoire des communautés marginalisées, dont celle des personnes noires.
Africa Presse : Pouvez-vous nous présenter le Musée canadien pour les droits de la personne et expliquer sa mission principale ?
Stanislas Bell : Le Musée canadien pour les droits de la personne, situé à Winnipeg, au Manitoba, est un musée national unique en son genre, inauguré il y a dix ans. Premier du genre à être dédié à l’exploration des droits humains à l’échelle mondiale, il se distingue par sa mission : sensibiliser, éduquer et stimuler le dialogue autour des enjeux liés aux droits de la personne, avec un accent particulier sur le Canada. À travers ses expositions, il invite à la réflexion, au respect et à la promotion du dialogue.
Africa Presse : Pourquoi le Mois de l’Histoire des Noirs est-il un moment clé pour le musée, et quelles initiatives prenez-vous à cette occasion ?
Stanislas Bell : Le Mois de l’Histoire des Noirs représente une période déterminante pour le musée, car il permet de mettre en lumière les luttes, les contributions et les réalités des communautés noires, tant au Canada qu’à l’international. Ce mois offre l’opportunité d’organiser des événements spéciaux, des conférences et des expositions en partenariat avec des organisations comme Noirs et Fiers et Black History Manitoba. Ces initiatives visent à amplifier les voix des communautés noires, à honorer leur passé tout en encourageant des actions concrètes pour un avenir plus inclusif. Elles contribuent également à sensibiliser le public aux enjeux actuels du racisme et de la discrimination.
Africa Presse : Comment le musée contribue-t-il à la sensibilisation du public sur l’histoire et les contributions des communautés noires au Canada ?
Stanislas Bell : Le musée joue un rôle crucial en mettant en lumière les récits des communautés noires à travers ses expositions permanentes et temporaires. En plus de ses expositions, le musée propose des programmes éducatifs destinés aux jeunes et organise des événements publics pour approfondir la réflexion sur ces enjeux. En ouvrant ses espaces aux communautés noires, il leur permet de partager leurs histoires, de mieux comprendre les réalités historiques et contemporaines qui les concernent. Par ailleurs, le musée noue des partenariats avec diverses organisations communautaires, renforçant ainsi les liens et offrant une représentation juste et durable des expériences des communautés noires au Canada.
Africa Presse : Peut-on dire que cette sensibilisation permet une véritable compréhension de l’histoire des Noirs ? Si oui, de quelle manière ?
Stanislas Bell : Nous reconnaissons que notre travail est un processus continu. Bien qu’il reste encore beaucoup à faire pour mieux partager et éduquer le public sur l’histoire des Noirs, nous sommes convaincus que nos actions contribuent à une véritable compréhension. Nos expositions et événements, qui présentent des récits authentiques, incitent les visiteurs à réfléchir et à mieux appréhender les enjeux liés à cette histoire. L’éducation, au cœur de notre mission, est un vecteur de changement. Bien que le chemin soit encore long, nous constatons déjà un impact concret et une meilleure sensibilisation du public.
Africa Presse : Quels sont les défis majeurs auxquels vous êtes confrontés lorsqu’il s’agit de raconter et de préserver l’histoire des Noirs ?
Stanislas Bell : Le principal défi reste celui de la représentation authentique. Il est essentiel que les histoires des communautés noires soient partagées de manière respectueuse et fidèle à leur réalité, ce qui nécessite une collaboration étroite avec ces communautés. En outre, la sélection des récits à présenter est un défi constant. Le domaine des droits humains étant vaste, nous devons faire des choix judicieux, tout en garantissant que les récits sélectionnés soient significatifs et respectueux. Cela implique un travail rigoureux et le temps nécessaire pour offrir une représentation juste et complète.
Africa Presse : Pouvez-vous nous parler d’une exposition ou d’un projet marquant du musée en lien avec l’histoire des Noirs ?
Stanislas Bell : L’exposition Mandela a marqué un tournant pour le musée. Cette exposition a attiré un large public et suscité de profondes émotions, particulièrement au sein des communautés noires. Elle a mis en lumière les luttes pour les droits humains et a été prolongée à deux reprises en raison de son succès. Un autre projet ambitieux et très attendu est l’exposition Aux genoux de nos ancêtres, qui explore l’histoire de l’esclavage au Canada. Ce projet vise à combler un vide historique en abordant les différentes périodes de l’esclavage au Canada et leurs conséquences sur la communauté noire actuelle.
Africa Presse : L’éducation est au cœur de la mission du musée. Quels outils ou programmes éducatifs proposez-vous pour les jeunes et les écoles ?
Stanislas Bell : Le musée propose plusieurs programmes éducatifs, dont Passer le micro, qui invite les jeunes à s’exprimer sur des questions comme le racisme et à devenir des agents de changement. Nous mettons également à disposition des visites virtuelles et des ateliers interactifs pour les écoles, permettant aux élèves d’approfondir leur compréhension des droits humains et de l’histoire des communautés noires.
Africa Presse : Comment le musée collabore-t-il avec les communautés noires pour garantir une représentation authentique et respectueuse de leur histoire ?
Stanislas Bell : Le musée collabore étroitement avec les communautés noires pour garantir que leurs récits soient racontés de manière authentique et respectueuse. Nous offrons une plateforme d’expression, en organisant des événements et des partenariats avec des organisations locales. Cette approche assure que les histoires racontées sont à la fois fidèles et respectueuses des réalités vécues par ces communautés.
Africa Presse : Selon vous, quel est le rôle d’un musée des droits de la personne dans la lutte contre le racisme et les discriminations ?
Stanislas Bell : Le rôle principal du musée est de sensibiliser, d’éduquer et d’inspirer. En exposant les réalités du racisme et de la discrimination, il encourage les visiteurs à réfléchir et à agir. Le musée offre un espace où des conversations difficiles mais nécessaires peuvent avoir lieu, incitant à des actions concrètes contre les injustices et les inégalités.
Africa Presse : De quelle manière le musée intègre-t-il les nouvelles technologies et les supports interactifs pour mieux transmettre ces histoires ?
Stanislas Bell : Le musée utilise des technologies de pointe pour rendre ses expositions plus accessibles et interactives. Nous offrons des interprétations en direct pour les personnes malvoyantes et des outils numériques pour les personnes malentendantes, garantissant une expérience enrichissante pour tous. Nous mettons également à disposition des contenus en ligne pour atteindre un public encore plus large, tout en nous efforçant de rendre chaque expérience encore plus accessible.
Africa Presse : Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui souhaitent mieux comprendre l’histoire des droits humains et s’engager pour un avenir plus inclusif ?
Stanislas Bell : Je leur conseille de rester curieux, d’approfondir leurs connaissances et de s’engager activement dans leur communauté. Le combat pour les droits humains est un processus continu, mais chaque action compte. L’espoir réside dans l’engagement, et bien que les défis soient nombreux, il est crucial de ne pas se décourager. Les jeunes sont l’avenir et c’est à eux de porter ce combat. Il est primordial d’investir dans leur avenir, car ils ont le pouvoir de provoquer un changement réel.
Africa Presse : Comment envisagez-vous l’évolution du musée dans les années à venir pour continuer à faire vivre la mémoire et inspirer les générations futures ?
Stanislas Bell : Le musée devra poursuivre son évolution en collaborant encore davantage avec les communautés noires, afin d’assurer une représentation fidèle de leur histoire. L’intégration des nouvelles technologies sera également essentielle pour toucher un public plus large et offrir des expériences interactives encore plus accessibles. Enfin, le musée doit maintenir son rôle de lieu d’espoir et de réflexion sur les droits humains, en investissant dans des équipes diversifiées et en renforçant son impact dans la lutte pour un avenir plus inclusif et respectueux des droits de chacun.
Propos receuillis par Désiré Kammogné