Du 19 au 22 février, le festival New School Power à Ndjamena fait briller le hip-hop tchadien. Cette quatrième édition réunit des jeunes rappeurs, danseurs, DJ et graffeurs du pays, leur offrant une plateforme pour se connecter à des formateurs et investisseurs. Ce festival met en lumière la jeune génération d’artistes locaux, qui, malgré des ressources limitées, tentent de se faire une place dans une scène musicale encore peu développée.
Le festival ne se limite pas à des performances artistiques, il organise aussi des ateliers destinés à renforcer les capacités professionnelles des jeunes talents. Les artistes comme Bénil, figure montante du rap tchadien, partagent leur expérience difficile : “Quand on est rappeur au Tchad, ce n’est pas comme dans d’autres pays”, explique-t-il, soulignant l’absence de grosses maisons de disques. Les petits labels locaux peinent à offrir un soutien financier suffisant pour permettre à ces artistes de vivre de leur musique.
Le rap au Tchad reste encore stigmatisé, souvent perçu comme un symbole de délinquance. Fejaton, un autre rappeur, témoigne des préjugés qui affectent les artistes locaux : “Si tu fais de la musique, c’est le banditisme”, un obstacle majeur à leur développement. De plus, l’absence de structures solides pour soutenir la musique au Tchad rend la profession peu lucrative, poussant des talents prometteurs à abandonner.
Malgré ces difficultés, le festival New School Power offre des perspectives d’avenir intéressantes. Kandenoji Njetein, le fondateur de l’événement, voit dans ce rassemblement une opportunité pour les artistes de démontrer leur professionnalisme. “Nous montrons que nous sommes des personnes crédibles, capables de discuter et de faire des affaires”, affirme-t-il. Cette dynamique permet d’espérer un avenir plus structuré pour la scène rap tchadienne, si des investissements arrivent.
Avec l’édition de cette année qui accueille près de 12 000 spectateurs, le festival New School Power devient un moment crucial pour les jeunes artistes. Ndomiche, un autre rappeur, précise que l’identité du rap tchadien se cherche à travers l’utilisation de langues locales comme le sara ou le ngambay, permettant ainsi de se démarquer et de toucher un public plus large. Les jeunes talents s’efforcent de créer une musique qui résonne avec la réalité sociale et culturelle du pays.
Le New School Power est également une occasion pour les rappeurs de se rassembler et de montrer que, malgré les défis, ils sont prêts à porter haut la voix du rap tchadien. Avec des initiatives comme celles-ci, le festival joue un rôle crucial dans l’émergence d’un secteur musical plus structuré et respecté. Il offre à la jeunesse tchadienne un espace pour exprimer ses frustrations et ses aspirations à travers la musique.