La Banque africaine de développement (BAD) se prépare à une élection cruciale pour désigner son prochain président ou présidente. Cinq candidats, dont une femme et quatre hommes, sont en lice pour succéder au Nigérian Akinwumi Adesina, qui termine son deuxième mandat. L’enjeu est majeur : la BAD joue un rôle central dans le financement des infrastructures en Afrique, qu’il s’agisse de projets d’autoroutes ou de parcs solaires, essentiels pour le développement économique du continent.
Parmi les cinq candidats retenus, seule une femme, Bajabulile Swazi Tshabalala, se distingue. Actuellement Première vice-présidente de la BAD, la Sud-Africaine a été saluée pour son innovation en matière de financement, ayant introduit le concept de capital hybride pour répondre aux défis posés par le changement climatique. En face d’elle, Amadou Hott, ancien ministre de l’Économie du Sénégal, incarne la continuité au sein de l’institution, même si son pays, l’Afrique de l’Ouest, ne bénéficie pas cette fois du soutien pour obtenir la présidence.
Les trois autres prétendants représentent des courants de rupture. Mahamat Abbas Tolli, le Tchadien soutenu par la CEMAC, et Sidi Ould Tah, le Mauritanien à la tête de la BADEA, apportent des visions différentes, notamment en matière de financement et de partenariats internationaux. Enfin, Samuel Munzele Maimbo, économiste zambien, ancien cadre à la Banque mondiale, plaide pour une gestion axée sur l’efficacité et l’impact, malgré un handicap notable : sa maîtrise limitée du français, un défi face à une majorité d’employés francophones à Abidjan.
L’élection de la présidence de la BAD revêt un contexte particulier, alors que l’Afrique fait face à des enjeux de plus en plus complexes, notamment liés au changement climatique et à l’essor des infrastructures. En outre, cette élection intervient après deux mandats réussis du Nigérian Akinwumi Adesina, sous sa direction, la BAD a renforcé son influence et son financement à l’échelle du continent. Les candidats se retrouvent ainsi dans une situation où, au-delà de leur programme, leur capacité à naviguer les réalités politiques et économiques du moment est primordiale.
L’issue de cette élection pourrait avoir des implications majeures pour l’avenir de la BAD et pour l’orientation des projets de financement en Afrique. Chaque candidat propose des solutions différentes pour répondre aux besoins grandissants du continent en matière d’infrastructures et de développement durable. Le rôle de la BAD, en particulier face aux défis climatiques, sera déterminant pour soutenir des projets à forte valeur ajoutée pour les économies africaines. À mesure que l’élection approche, les perspectives de financement, notamment celles du secteur privé et des partenaires internationaux, seront au cœur des débats.
Certains experts estiment que la présence d’une femme à la tête de la BAD, en la personne de Bajabulile Swazi Tshabalala, pourrait être un tournant pour l’institution, en apportant une nouvelle dynamique et en accentuant la prise en compte des défis liés au changement climatique. D’autres soulignent que le soutien de puissances comme la Côte d’Ivoire à Sidi Ould Tah pourrait réorienter la banque vers des partenariats plus étroits avec les pays du Golfe. D’un autre côté, la question de la représentativité géographique, en particulier la question de l’Afrique de l’Ouest, pourrait peser lourd dans la balance, malgré les qualités incontestées des candidats.
L’élection à la présidence de la BAD s’annonce comme un moment déterminant pour l’avenir économique de l’Afrique. En effet, le choix du prochain président ou présidente de cette institution multilatérale aura des répercussions profondes sur le financement des grands projets d’infrastructures, mais aussi sur la stratégie de développement du continent dans les années à venir. L’Afrique sera-t-elle capable de relever les défis de demain en s’appuyant sur un leadership visionnaire et engagé ? La réponse se trouve probablement dans les mois à venir.