L’opposition en Guinée-Bissau ne reconnaît plus la légitimité du président Umaro Sissoco Embaló, arguant que son mandat a expiré le 27 février 2025. Ce différend survient malgré une décision de la Cour suprême, qui a repoussé la fin de son mandat au 4 septembre, et la tenue d’une élection présidentielle fixée au 30 novembre de la même année. Domingos Simões Pereira, président du PAIGC (Parti Africain pour l’Indépendance de la Guinée et du Cap-Vert), critique cette prolongation et dénonce ce qu’il appelle une manipulation des institutions judiciaires par Embaló.
Simões Pereira et l’opposition dénoncent l’absence de fondement juridique pour cette prolongation, estimant que la Cour suprême a été influencée par le pouvoir en place. Selon l’opposant, la décision du juge qui a signé ce report ne serait qu’une formalité dictée par Embaló. Pour lui, l’argument selon lequel le président aurait encore jusqu’en septembre 2025 pour terminer son mandat ne tient pas, d’autant plus que la Constitution et la loi électorale ne confirment pas une telle interprétation. Cette situation met en lumière la tension entre la légitimité des institutions et la volonté de maintien au pouvoir d’Embaló.
Le contexte dans lequel cette contestation se développe est marqué par des tensions politiques croissantes depuis l’élection présidentielle de 2020, largement contestée par l’opposition. Bien que soutenu par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), Embaló a fait face à des accusations de fraude électorale et à une opposition farouche. La dissolution du Parlement en décembre 2023 a exacerbé ces tensions, entraînant une crise politique qui semble s’enliser dans l’impasse. En réponse à cette situation, la Cédéao a dépêché des médiateurs à Bissau pour tenter de trouver un consensus politique, mais cette mission a pris fin abruptement après que le président a expulsé les médiateurs.
Le rôle de la Cédéao est désormais sous pression. Si l’organisation régionale a initialement soutenu Embaló, elle fait face à un dilemme : continuer à soutenir un président dont l’opposition conteste la légalité, ou réorienter son soutien vers d’autres institutions comme la Commission permanente de l’Assemblée nationale populaire. Cette commission a pris le relais du Parlement dissous et pourrait devenir un acteur clé dans la recherche d’une issue politique. Domingos Simões Pereira appelle la Cédéao à reconsidérer sa position et à appuyer les organes constitutionnels dans leurs efforts pour sortir de la crise.
L’issue de cette crise pourrait redéfinir les relations entre la Guinée-Bissau et la Cédéao. Les opposants estiment que l’organisation régionale a payé un prix politique pour son soutien passé à Embaló, notamment après avoir validé l’élection controversée de 2020. Certains plaident pour un changement de cap radical, tandis que d’autres considèrent qu’une médiation pourrait encore offrir une solution. Ce dilemme pourrait influencer l’action de la Cédéao à l’avenir, dans un contexte où l’unité de la région est de plus en plus mise à l’épreuve par des crises internes complexes.
Alors que le mandat d’Umaro Sissoco Embaló touche à sa fin et que le pays se retrouve dans une situation politique de plus en plus tendue, l’opposition et la communauté internationale sont appelées à jouer un rôle clé dans la recherche d’une solution. Si la Cédéao parvient à réévaluer sa position et à soutenir des initiatives plus légitimes, la Guinée-Bissau pourrait éviter une escalade de la crise. Toutefois, la situation reste incertaine et les évolutions à venir détermineront si le pays parvient à une sortie de crise pacifique ou si de nouvelles tensions éclateront.