Plus de 37 % de la population de la République Centrafricaine (RCA) se trouve aujourd’hui dans une situation de vulnérabilité extrême, nécessitant une assistance humanitaire d’urgence, selon un rapport du Bureau de la Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA), présenté le 7 mars à Bangui. Bien que la situation sécuritaire se soit légèrement améliorée, la détresse sociale et économique persiste, rendant la population toujours dépendante de l’aide internationale pour survivre.
Le rapport d’OCHA révèle que près de 2,4 millions de personnes, soit 37,2 % de la population centrafricaine, sont actuellement dans le besoin. Ce chiffre marque une amélioration par rapport aux années précédentes, où la population en détresse représentait jusqu’à 56 % en 2023. Toutefois, la situation reste préoccupante. Les taux d’insécurité alimentaire, de mortalité maternelle et infantile, ainsi que les taux de mariage précoce et d’analphabétisme continuent de poser des défis majeurs. Mohamed Ag Ayoya, coordonnateur humanitaire, souligne que, malgré les progrès en matière de sécurité, ces indicateurs témoignent d’une crise humanitaire persistante et d’une instabilité structurelle.
Cette crise humanitaire s’inscrit dans un contexte politique et économique difficile. La Centrafrique, marquée par une guerre civile prolongée et des conflits armés sporadiques, peine à se reconstruire et à sortir de la dépendance humanitaire. Si la situation sécuritaire semble s’améliorer, le pays souffre toujours d’un manque d’infrastructures, de services de santé inefficaces et de faibles capacités de gouvernance. Les efforts de stabilisation demeurent insuffisants pour répondre aux besoins urgents de la population. Les organisations humanitaires, en partenariat avec le gouvernement, s’efforcent de répondre à ces défis avec un budget de 326,1 millions de dollars pour 2025, une somme qui reste largement insuffisante.
Face à cette situation, les acteurs humanitaires font appel à une solidarité internationale accrue. Mohamed Ag Ayoya rappelle qu’en 2023, seulement 56 % des fonds nécessaires ont été mobilisés, et que cette année, l’objectif est de financer 60 % des besoins. La situation financière des bailleurs de fonds reste préoccupante, et le plan de réponse humanitaire de 2025 prévoit un financement de 326,1 millions de dollars, soit environ 200 milliards de francs CFA. Une grande partie de ce montant est destinée à la lutte contre les causes profondes des vulnérabilités, notamment l’insécurité alimentaire et les conditions de vie précaires.
Les perspectives de stabilité en Centrafrique dépendent en grande partie de la capacité du gouvernement à maintenir la sécurité et à renforcer ses infrastructures sociales et économiques. Toutefois, la question de la résilience de la population face à de nouvelles crises reste préoccupante. Les acteurs humanitaires estiment que sans un financement soutenu et des engagements internationaux plus forts, la situation pourrait se détériorer à nouveau. Le pays doit également relever le défi du développement durable pour prévenir de futures crises humanitaires.
À Bangui, les témoignages des habitants mettent en lumière la dureté du quotidien. « Nous vivons au jour le jour, nous avons besoin de tout : de la nourriture, des soins médicaux, de l’éducation », explique une mère de famille. Pour les jeunes, le manque d’éducation et d’opportunités économiques est un facteur de désespoir, accentuant les vulnérabilités sociales. Les efforts des organisations humanitaires, bien qu’essentiels, peinent à combler les lacunes dans un contexte aussi difficile.