Au Gabon, l’élection présidentielle du 12 avril 2025 se précise avec la validation de seulement quatre candidatures parmi les 23 initialement enregistrées. Lors d’une annonce faite le 9 mars 2025, le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, a révélé que les autres candidats, au nombre de 19, sont recalés pour diverses raisons administratives. Toutefois, un recours devant la Cour constitutionnelle est encore possible dans les 72 heures suivant la décision. Parmi les quatre candidats retenus figurent des figures clés du paysage politique gabonais, dont le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema.
Les quatre candidats retenus sont Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la Transition après le coup d’État du 30 août 2023 qui a renversé Ali Bongo, ainsi qu’Alain-Claude Bilie By Nze, dernier Premier ministre sous le régime Bongo. Ils sont rejoints par Stéphane Germain Iloko, médecin et ancien cadre du Parti démocratique gabonais (PDG), ainsi que Joseph Lapensée Essigone, juriste et inspecteur des impôts. Chacun d’eux se présente en indépendant, bien que leurs trajectoires politiques marquent de près ou de loin l’histoire récente du pays.
L’élection présidentielle de 2025 se déroule dans un climat tendu, après la chute du régime de Ali Bongo et la prise de pouvoir par la junte militaire. Depuis ce coup d’État, la transition est marquée par des réformes politiques et des contestations. Si le pays aspire à un retour à l’ordre constitutionnel, l’issue de cette élection demeure incertaine. Le processus électoral s’inscrit dans un contexte de désillusion pour de nombreux Gabonais, notamment ceux de l’opposition, qui dénoncent un système politique verrouillé et des démarches administratives opaques.
L’une des grandes controverses de cette période électorale réside dans les raisons des candidatures rejetées. Parmi les candidats recalés se trouve Jean-Rémy Yama, un syndicaliste reconnu et une figure importante de la société civile, qui a vu sa candidature rejetée en raison de l’absence du certificat de naissance de son père. Il a vivement contesté cette décision, soulignant l’impossibilité de se conformer aux exigences administratives pour un acte datant d’une époque où le Gabon n’existait même pas sous sa forme actuelle. Il n’est pas le seul à exprimer sa frustration : Marlène Essola Effoutamane et Alain Simplice Boungoueré ont également dénoncé ce qu’ils considèrent comme un processus précipité et intransparent.
Les candidats recalés affirment que le processus électoral est entaché d’injustices et accusent les autorités de partialité. Jean-Rémy Yama, par exemple, n’a pas manqué de dénoncer une « mascarade », tandis qu’Alain Simplice Boungoueré a appelé à la clarification des raisons de son rejet afin de pouvoir contester cette décision devant la Cour constitutionnelle. Les recours en cours pourraient ainsi influencer le déroulement du scrutin et rendre l’élection encore plus incertaine.
L’irrégularité et l’absence de transparence dans le processus électoral risquent de renforcer les doutes au sein de l’opinion publique, notamment parmi les Gabonais désireux de voir une transition démocratique réussie. L’incertitude liée à l’issue de cette élection pourrait affecter la stabilité politique du pays, en particulier si les résultats sont contestés. Il reste à voir si la Cour constitutionnelle prendra en compte les appels des candidats rejetés et si ces derniers pourront, par ce biais, influencer le climat électoral avant le 12 avril.