Juan Antonio Samaranch Junior, vice-président du Comité International Olympique (CIO) depuis plusieurs années, figure parmi les sept candidats en lice pour succéder à Thomas Bach à la présidence du CIO, lors de l’élection prévue le 20 mars prochain. Fils de l’ancien président emblématique du CIO, Juan Antonio Samaranch, qui a marqué l’histoire du mouvement olympique de 1980 à 2001, Junior se veut un candidat pragmatique et expérimenté. « Le monde actuel est plus complexe que jamais », déclare-t-il dans un entretien. Pour lui, l’expérience accumulée au sein du CIO pendant un quart de siècle est la clé pour diriger cette organisation mondiale aux enjeux stratégiques considérables.
Bien qu’il n’ait pas de parcours sportif à proprement parler, Juan Antonio Samaranch Junior s’est imposé par son expertise dans la gestion et le marketing sportif. Vice-président du CIO à deux reprises, entre 2016-2020 et depuis 2022, il a acquis une solide compréhension des défis économiques et politiques auxquels l’institution doit faire face. Son manifeste de campagne se distingue par son accent sur l’exploration de nouvelles sources de revenus et une révision du programme de sponsoring international, visant à rendre le CIO encore plus influent et pérenne dans un monde où les tensions géopolitiques se multiplient.
L’histoire de Juan Antonio Samaranch Junior est indissociable de celle de son père, l’un des plus puissants dirigeants du CIO, qui a façonné la modernisation du mouvement olympique, notamment par la multiplication des contrats de sponsoring et des droits de diffusion. Son père, qui a dirigé le CIO pendant plus de deux décennies, a aussi été un personnage controversé en raison de ses liens avec le régime franquiste, mais a laissé un héritage immense sur la scène mondiale. Le parcours de Junior est marqué par cette dualité, d’une part un héritage prestigieux et d’autre part une volonté de s’affirmer indépendamment du nom qu’il porte.
Si Juan Antonio Samaranch Junior devient président, il devra naviguer dans un environnement mondial où le CIO, comme l’ensemble du sport international, est confronté à une pression croissante de politisation. Le candidat se positionne comme un défenseur de l’indépendance et de la neutralité du CIO. Il insiste sur la nécessité de maintenir le mouvement olympique apolitique et libre de toute influence extérieure. À l’heure où de nombreuses nations tentent de tirer profit de l’influence olympique, Samaranch Junior considère que le président du CIO doit savoir s’imposer face à des puissances comme les États-Unis, la Chine ou l’Union Européenne.
Au-delà des enjeux financiers et politiques, Juan Antonio Samaranch Junior se veut un défenseur des valeurs universelles du CIO, comme l’inclusivité et la fraternité entre les peuples. Le soutien qu’il a exprimé en faveur de la boxe olympique, une discipline au cœur de nombreux comités olympiques nationaux, reflète son engagement envers les sports les plus populaires à travers le monde. Il a également salué l’avancée notable du taux de participation des femmes aux JO, affirmant que ce progrès social ne serait jamais remis en question sous sa présidence.
Si le rêve de son père était de remporter le prix Nobel de la paix, celui de Juan Antonio Samaranch Junior est de perpétuer l’héritage familial à la tête du CIO. Sa candidature repose sur la promesse d’une gestion éclairée, où l’expérience et la neutralité seront ses principaux atouts. En s’appuyant sur un savoir-faire commercial solide, fruit de ses expériences dans le secteur bancaire et le marketing, il entend gérer les défis contemporains avec discernement et pragmatisme. Mais à l’ère d’une mondialisation de plus en plus tumultueuse, l’avenir du CIO, quelle que soit son orientation, semble plus incertain que jamais.