Le gouvernement camerounais a décidé de prendre en charge les indemnités impayées à l’ancien sélectionneur de l’équipe nationale de football, Toni Conceiçao, ainsi qu’à ses adjoints. Un montant de 1,8 million d’euros, dû depuis trois ans, sera versé pour couvrir la condamnation à « rupture abusive de contrat » du staff portugais. Cette décision intervient après l’incapacité de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) à honorer cette dette, selon le ministère des Sports. Ce règlement met un terme à un dossier qui a duré bien plus longtemps que prévu, ravivant des tensions politiques et sportives au sein du pays.
Le ministère camerounais des Sports a pris l’initiative de payer directement les indemnités, et ce, à la place de la Fécafoot. Le gouvernement a justifié cette action par l’incapacité de la Fédération à exécuter sa condamnation, soulignant ainsi les difficultés administratives et financières de la Fécafoot. Le licenciement de Toni Conceiçao, survenu en février 2022 après la défaite face à l’Égypte en demi-finale de la CAN 2022, a été un événement marquant, qui a laissé des séquelles dans les relations entre les instances sportives du pays.
Cette affaire s’inscrit dans un climat déjà tendu entre le ministère des Sports et la Fécafoot. Les divergences de vues se sont particulièrement exprimées dans la gestion des sélectionneurs de l’équipe nationale. Le limogeage de Conceiçao a fait naître des conflits internes, notamment autour du choix de son successeur, le Belge Marc Brys. Samuel Eto’o, président de la Fécafoot, s’était opposé à cette nomination, préférant des choix différents. Cette situation a exacerbé les tensions entre le ministère, qui impose ses choix, et la Fédération, qui cherche à garder son indépendance dans la gestion des équipes nationales.
Le règlement de cette dette pourrait marquer un tournant dans la manière dont le gouvernement interagit avec la Fécafoot. En prenant directement en charge les indemnités, l’État semble vouloir éviter d’autres tensions et contrôler davantage les finances du football camerounais. Toutefois, ce geste pourrait aussi avoir des répercussions sur la relation de confiance entre les deux entités, d’autant que la Fécafoot a dénoncé le communiqué du ministère des Sports comme une provocation. L’avenir du football camerounais pourrait ainsi être influencé par la manière dont ces conflits internes seront résolus.
La Fécafoot n’a pas tardé à réagir après l’annonce du gouvernement. Dans un communiqué, l’instance a qualifié le message du ministère des Sports d’« insultes » et de « provocation ». Elle a insisté sur le fait que la décision de résiliation du contrat de Conceiçao avait été prise au plus haut niveau, par le président Paul Biya. Cette réponse témoigne des dissensions profondes entre les deux parties, qui risquent de continuer à affecter la gestion du football au Cameroun. En outre, la question de la gouvernance du sport national reste un point de friction majeur.
Au-delà de cette affaire, le Cameroun doit faire face à une question essentielle : la réforme de la gestion du football. Si cette indemnisation semble mettre fin à un contentieux juridique, elle ne résout pas les problèmes structurels de la Fécafoot ni les désaccords politiques qui pèsent sur l’avenir du football camerounais. Le gouvernement et la Fécafoot devront travailler ensemble pour surmonter ces crises récurrentes et éviter de nouveaux conflits, sous peine de nuire à l’image du pays sur la scène internationale.