Tous les partis politiques dissous au Niger : vers une reconfiguration totale de la scène politique
Le général Abdourahamane Tiani a officiellement dissous l’ensemble des partis politiques nigériens, mettant ainsi un terme à plus de trois décennies de multipartisme. Cette décision, annoncée le 26 mars lors de son investiture pour une période transitoire de cinq ans, s’inscrit dans les suites des recommandations issues des assises nationales organisées le mois dernier.
Cette mesure radicale, survenue vingt mois après le renversement de Mohamed Bazoum, confirme la volonté du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) de redessiner l’architecture institutionnelle et politique du pays. Alors que 172 partis existaient jusqu’alors, leur activité était déjà suspendue depuis le coup d’État de 2023. La dissolution intervient donc dans un contexte où l’espace civique est déjà considérablement restreint, et où les grandes formations n’ont pas été conviées aux consultations nationales.
Instauré en 1991, le multipartisme avait marqué une avancée démocratique majeure au Niger, après des décennies de régime militaire. Mais au fil des ans, le paysage politique s’est fragmenté, souvent critiqué pour sa prolifération de formations sans base réelle. Cette surabondance, combinée à la défiance croissante de la population envers les élites politiques, a contribué à nourrir l’argumentaire du gouvernement militaire actuel en faveur d’une refonte.
Les perspectives restent floues mais stratégiques : les assises nationales ont proposé de limiter à l’avenir le nombre de partis autorisés, dans une logique de rationalisation de l’offre politique. Certains membres de formations dissoutes espèrent pouvoir rapidement créer de nouvelles structures, en vue d’un retour progressif des civils au pouvoir. Toutefois, aucun calendrier précis n’a été annoncé.
Des voix critiques s’élèvent déjà contre cette orientation. Un observateur de la société civile met en garde contre une uniformisation de la pensée et la disparition des contre-pouvoirs. Sans partis d’opposition, le risque d’un pouvoir autoritaire, sans garde-fous, inquiète certains segments de la population et des défenseurs des droits humains.
Du côté des anciens partis, c’est le silence. Beaucoup semblent attendre des signaux clairs du régime pour s’adapter à la nouvelle donne. Un cadre du PNDS estime toutefois que cette décision pourrait aussi permettre de repartir sur des bases plus saines, dans un paysage jusqu’ici dominé par des partis jugés inefficaces ou déconnectés des réalités du peuple.