Les États-Unis ont annoncé le 5 avril la révocation immédiate de tous les visas des ressortissants du Soudan du Sud. Une décision exceptionnelle dans la politique étrangère américaine, visant directement un pays africain. Le secrétaire d’État, Marco Rubio, a expliqué que cette mesure avait été prise en raison du manque de coopération du gouvernement de Juba concernant les expulsations de ses ressortissants vivant aux États-Unis. Cette annonce intervient dans un contexte de politique stricte d’immigration menée par l’administration Trump.
Cette rupture diplomatique découle d’un conflit persistant sur l’expulsion des ressortissants sud-soudanais présents aux États-Unis. Washington accuse le Soudan du Sud de ne pas avoir accepté de reprendre ses citoyens expulsés, ce qui a poussé les autorités américaines à prendre cette décision radicale. Marco Rubio a souligné que la politique d’immigration du pays doit garantir que chaque nation coopère pour le retour de ses ressortissants lorsque des expulsions sont ordonnées. Cette mesure s’inscrit dans la ligne dure de l’administration Trump en matière de contrôle des frontières et de lutte contre l’immigration illégale.
Cette décision fait écho à une problématique qui a récemment agité les relations entre plusieurs pays, comme la France et l’Algérie, concernant les expulsations de citoyens. Toutefois, la mesure américaine est sans précédent, touchant l’ensemble des ressortissants d’un pays. Le Soudan du Sud, un État jeune et fragile, fait face à une instabilité chronique depuis son indépendance en 2011. Classé parmi les pays les plus pauvres au monde, il souffre de graves crises humanitaires et d’une situation politique qui semble à la dérive. Le pays fait aussi face à une menace de nouvelle guerre civile, un contexte particulièrement complexe pour une telle mesure.
L’annulation des visas s’accompagne d’une interdiction d’émettre de nouveaux visas aux ressortissants sud-soudanais, un coup dur pour un pays déjà fragile économiquement et politiquement. Cette pression accrue pourrait contraindre le gouvernement de Juba à réévaluer sa position sur les expulsions et à mieux collaborer avec les autorités américaines. Le secrétaire d’État a précisé que la politique pourrait être révisée si le Soudan du Sud change de posture et montre une meilleure coopération sur cette question sensible.
Le Soudan du Sud, qui se classe parmi les pays les plus démunis, se retrouve encore une fois sous pression internationale. En 2022, il figurait parmi les derniers pays de l’indice de développement humain des Nations unies, juste avant la Somalie. Une telle mesure pourrait nuire davantage à la réputation du pays sur la scène internationale et compliquer ses relations avec d’autres puissances mondiales. De plus, alors que le pays lutte pour se remettre d’un conflit brutal, cette décision pourrait aggraver la situation déjà difficile pour ses citoyens, notamment en termes d’opportunités migratoires et de soutien extérieur.
À court terme, cette décision pourrait encore éloigner le Soudan du Sud des États-Unis et compliquer la diplomatie bilatérale. Toutefois, cette pression pourrait aussi inciter Juba à améliorer sa coopération en matière de gestion des ressortissants expulsés. L’avenir de la relation entre les deux pays dépendra largement de la manière dont le gouvernement sud-soudanais réagira face à cette nouvelle mesure et des éventuelles négociations qui pourraient s’en suivre. Le contexte international et les défis internes du pays joueront un rôle crucial dans l’évolution de cette situation.