Lors du Forum diplomatique d’Antalya en Turquie, le ministre des Affaires étrangères du Mali, Abdoulaye Diop, a exprimé une volonté forte des pays du Sahel : sortir de la dépendance pour garantir leur propre sécurité. Cette déclaration a souligné l’importance de renforcer les capacités militaires locales et d’acquérir des équipements de défense nécessaires à la protection des nations sahéliennes.
Abdoulaye Diop a précisé que les armées des pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) possédaient déjà des soldats capables de mener des opérations de défense, mais qu’elles manquaient d’équipements adaptés, notamment des vecteurs aériens. Le ministre a mis en lumière l’impact des embargos imposés par certaines puissances occidentales qui ont empêché l’accès aux équipements essentiels pour assurer la sécurité et lutter contre les groupes terroristes. Face à ce constat, Bamako s’est tourné vers de nouveaux partenaires comme la Turquie, la Chine et la Russie, qui offrent une alternative pour l’acquisition de ces matériels.
Un autre point crucial soulevé par Abdoulaye Diop concerne l’efficacité de l’intervention internationale, notamment celle des Nations Unies. Selon lui, la mission de la MINUSMA, déployée au Mali depuis 2013, n’a pas permis d’enrayer la progression des groupes terroristes dans le pays. Pendant des années, le Mali n’a contrôlé qu’une fraction de son territoire, et ce n’est qu’après le départ de la MINUSMA que le gouvernement malien a pu regagner le contrôle de certaines zones, bien que la lutte contre le terrorisme demeure une tâche complexe. Toutefois, une amélioration qualitative est désormais perçue dans la gestion de la sécurité.
Le ministre a également évoqué la coopération militaire accrue entre les pays du Sahel. Les armées malienne, burkinabé et nigérienne travaillent désormais de manière coordonnée, avec l’ambition de mettre en place une force unifiée, une armée intégrée capable de répondre aux défis sécuritaires communs. Cette coopération renforcée pourrait constituer une réponse plus autonome et plus efficace aux menaces qui pèsent sur la région.
Au-delà des questions de sécurité, Abdoulaye Diop a souligné l’importance de l’intégration économique pour le développement de la région. La mise en place d’un espace de libre circulation des personnes et des biens constitue un des axes principaux de cette intégration. De plus, des projets ambitieux de coopération en matière d’infrastructures, notamment des chemins de fer et des projets énergétiques communs, sont envisagés pour renforcer les liens économiques entre les pays du Sahel. Ces initiatives devraient permettre de transformer les matières premières locales et de stimuler les secteurs énergétique et agricole de la région.
L’ambition des pays du Sahel d’assurer leur propre sécurité et de se libérer de la dépendance étrangère est un défi de taille, qui s’inscrit dans un contexte géopolitique complexe. Si les nouveaux partenariats stratégiques peuvent offrir des solutions aux problèmes militaires, le chemin reste semé d’embûches, notamment en ce qui concerne la mise en place d’une armée intégrée et la gestion des tensions internes. L’intégration économique, quant à elle, demeure un levier de stabilisation, mais sa mise en œuvre nécessitera des efforts constants pour surmonter les obstacles structurels et renforcer la coopération régionale.