Le Gabon a élu un nouveau président lors du scrutin du 12 avril 2025, avec Brice Clotaire Oligui Nguema obtenant un impressionnant 90,35 % des voix, selon les résultats provisoires du ministère de l’Intérieur. Ce dernier, qui a pris la tête du pays suite au coup d’État du 30 août 2023, est désormais mandaté pour un septennat. Cependant, l’élection reste sous réserve de la validation de la Cour constitutionnelle. Loin de se réjouir de cette victoire, son principal concurrent, Alain-Claude Bilie-By-Nze, se montre critique à l’égard du processus électoral, qu’il juge non transparent.
Alain-Claude Bilie-By-Nze, crédité de seulement 3 % des voix, a déclaré lors de sa conférence de presse du lundi matin qu’il ne félicitait pas Oligui Nguema. Selon lui, cette élection est marquée par un manque de transparence, des scores « à la tête du client » et un « système de fraude » qui persisterait. Bien qu’il reconnaisse la victoire de son adversaire, Bilie-By-Nze considère avoir remporté une « victoire politique » en devenant le principal opposant à Oligui Nguema, soulignant qu’il s’était affranchi de son passé d’ex-pilier du régime Bongo.
En effet, Bilie-By-Nze estime que sa campagne lui a permis de s’imposer comme un leader de l’opposition face au système « PDG-CTRI », référence à l’ancien pouvoir du Parti Démocratique Gabonais (PDG), déchu après le coup d’État du 30 août 2023. Cette nouvelle position en fait désormais une figure incontournable de la scène politique gabonaise, après avoir longtemps été perçu comme lié au régime de l’ex-président Ali Bongo.
Quant à la suite du processus judiciaire, Bilie-By-Nze a indiqué ne pas saisir la Cour constitutionnelle, qu’il considère comme inféodée au pouvoir en place. Il a souligné qu’une telle démarche serait vaine, en raison des liens familiaux existant entre les membres du tribunal et le président élu. Refusant de « perdre son temps », il préfère désormais se concentrer sur la construction d’une alternative politique avec son mouvement, « Ensemble pour le Gabon ».
Brice Clotaire Oligui Nguema, pour sa part, a pris la parole peu après les résultats, lors d’une rencontre avec ses collaborateurs à la présidence. Il a interprété sa large victoire comme un signe de la « détresse » du pays et de l’espoir des Gabonais pour un changement. Il a ainsi promis de ne pas se reposer sur ses lauriers et de continuer à travailler pour le pays. Le président élu a annoncé qu’une centaine de réformes législatives seraient prises dans l’année pour mettre en place la nouvelle Vᵉ République.
Les perspectives pour le Gabon restent incertaines, notamment en ce qui concerne les futures législatives et la gestion du pays par Oligui Nguema. Bien que sa large victoire semble légitimer son autorité, les accusations de fraude et l’opposition qui se structure autour de Bilie-By-Nze pourraient compliquer le climat politique dans les mois à venir. Cette situation pourrait donner lieu à une intensification des tensions politiques et à une mobilisation accrue de l’opposition, alors que la transition du pays se poursuit.
Le contexte politique du Gabon, en plein bouleversement depuis le coup d’État de 2023, reste fragile. Le pays traverse une période de réformes profondes, sous la pression de la nécessité de rétablir la stabilité politique et économique. Les critiques du processus électoral pourraient prolonger la méfiance envers les institutions, rendant la tâche de la nouvelle administration encore plus complexe. Cependant, l’engagement de Oligui Nguema à lancer de nombreuses réformes pourrait également permettre au pays de se redresser sur la voie de la stabilité.