Au Burundi, Sixte Vigny Nimuraba, président de la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme (CNIDH), a quitté précipitamment le pays après une perquisition violente de son domicile. Un nouveau nom s’ajoute ainsi à la longue liste des 300 000 exilés burundais depuis la crise de 2015. Bien qu’étant réputé proche du gouvernement, son dernier rapport sur les violations des droits humains en 2024 semble avoir exacerbé ses relations avec les autorités, menant à son exil.
Le rapport de la CNIDH, présenté en janvier 2024, a d’abord renforcé la position internationale de Nimuraba, mais a également mis en lumière des pratiques répressives internes au Burundi. Ce document dénonce 429 cas de violations des droits civils et politiques, y compris des homicides volontaires, des disparitions forcées et des actes de torture. Si certains ont salué la courageuse démarche de la CNIDH, d’autres, notamment au sein du gouvernement, ont vivement réagi en accusant Nimuraba d’être hostile au pouvoir en place.
Le Burundi, sous la présidence de Pierre Nkurunziza puis de son successeur Évariste Ndayishimiye, a traversé une période de répression sévère, particulièrement après la crise de 2015, lorsque des milliers de Burundais ont fui le pays pour échapper à la violence politique. Le président de l’Assemblée nationale, Gélase-Daniel Ndabirabe, un des principaux faucons du régime, a ouvertement critiqué Nimuraba pour son rapport, estimant qu’il ternissait l’image du pays. Cette tension s’est exacerbée avec les accusations de malversations économiques lancées à l’encontre de Nimuraba, notamment le détournement de plus de 400 000 euros au sein de la CNIDH.
Depuis la mi-avril, des manœuvres ont été engagées pour remplacer les membres de la CNIDH, accusés de dysfonctionnement. Ce processus semble avoir été amplifié par les divisions internes au sein de l’institution. Les proches de Sixte Vigny Nimuraba évoquent une manœuvre orchestrée par Gélase-Daniel Ndabirabe, visant à affaiblir les critiques à l’égard du gouvernement. Cette série d’événements a conduit à une situation de plus en plus intenable pour Nimuraba, contraint de quitter le pays pour préserver sa sécurité.
Le départ de Nimuraba en exil suscite une nouvelle inquiétude parmi les défenseurs des droits humains, qui voient en cette fuite un signe de l’intensification de la répression politique au Burundi. L’exil de l’un des défenseurs les plus en vue des droits de l’Homme dans le pays soulève des questions sur la liberté d’expression et la place des institutions indépendantes. Ce départ pourrait également avoir des conséquences sur les relations internationales du Burundi, qui pourraient être perçues comme un renforcement de l’isolement du pays au niveau mondial.
Les proches de Sixte Vigny Nimuraba expliquent que son exil était une question de survie après l’attaque de son domicile. Son départ furtif a été un acte de « sauvetage » pour lui et sa famille, dans un contexte où la violence politique semble croissante. Les observateurs internationaux et les acteurs de la société civile s’inquiètent de l’ampleur de la répression, qui risque de faire taire toute voix discordante au Burundi. En dépit de ces tensions, des soutiens à l’ancien président de la CNIDH continuent de dénoncer l’injustice de son exil forcé.