Le procureur général près la Cour constitutionnelle de la République Démocratique du Congo a requis, le 23 avril 2025, une peine de 20 ans de prison contre l’ex-Premier ministre Matata Ponyo. Cette décision fait suite à des accusations de détournement de près de 200 millions de dollars destinés au projet du parc agroalimentaire de Bukangalonzo, un projet qu’il avait supervisé entre 2012 et 2016. Matata Ponyo, opposant politique et député fraîchement élu, fait face à un procès qui pourrait marquer un tournant important dans sa carrière et dans la lutte contre la corruption au pays.
Le procès a repris en matinée sous tension, avec l’absence des accusés dans la salle d’audience. Matata Ponyo a invoqué son immunité parlementaire, tandis que ses deux co-accusés, l’ancien gouverneur de la Banque centrale Deogratias Mutombo et l’homme d’affaires sud-africain Christo Grobbler, ont excusé leur présence pour des raisons de santé. Le procureur général, visiblement frustré par cette absence, a dénoncé une tentative de manipulation judiciaire, estimant que les immunités parlementaires ne devaient pas être perçues comme une forme d’impunité. Il a exprimé son mécontentement face à ce qu’il considère comme une tentative de dilatoire pour retarder la justice.
Le dossier présenté par les inspecteurs des finances a mis en lumière des irrégularités graves dans la gestion du projet du parc agroalimentaire, qualifié de « flou et mal encadré ». Selon les enquêteurs, Matata Ponyo aurait détourné des fonds destinés à un projet d’envergure nationale censé impulser le développement économique du pays. L’accusation a ainsi réclamé une peine de 20 ans de travaux forcés et a demandé l’arrestation immédiate des prévenus. Cette demande souligne la gravité des accusations et le message envoyé par les autorités judiciaires en matière de lutte contre la corruption.
Le contexte de cette affaire se situe dans un environnement politique et judiciaire tendu en RDC. Depuis l’arrivée au pouvoir du président Félix Tshisekedi, plusieurs figures politiques ont été confrontées à des accusations de malversations financières, dans un pays où la corruption reste un fléau majeur. Le procès de Matata Ponyo intervient dans un climat où l’opposition dénonce régulièrement des tentatives d’intimidation judiciaire et d’instrumentalisation de la justice à des fins politiques.
Les perspectives liées à ce procès sont multiples. Si la condamnation de Matata Ponyo venait à être confirmée, cela pourrait marquer un tournant dans la politique congolaise, en renforçant la crédibilité des efforts de lutte contre la corruption. Toutefois, la défense a déjà contesté la composition de la cour, arguant que deux des juges étaient hors mandat. Cela pourrait entraîner des prolongations du procès et nourrir les soupçons de manipulation judiciaire, déjà évoqués par les défenseurs du prévenu.
En attendant le verdict prévu pour le 14 mai, la RDC reste dans l’attente de décisions judiciaires qui pourraient influencer de manière significative la stabilité politique et la réputation du pays. Si la condamnation est prononcée, cela pourrait être un signal fort pour la classe politique et la société civile, qui scrutent de près les actions du gouvernement actuel en matière de gouvernance et de justice.