Les élections législatives anticipées au Canada, prévues pour ce lundi 28 avril, s’annoncent comme un véritable tournant pour la politique canadienne. Après la démission de Justin Trudeau en janvier, son successeur, Mark Carney, est désormais en bonne position pour diriger le pays, selon les derniers sondages. Ce scrutin est fortement influencé par les tensions géopolitiques, notamment la guerre commerciale avec les États-Unis et les menaces d’annexion formulées par Donald Trump, ce qui a redéfini les priorités des électeurs. Le Parti libéral de Carney, soutenu par une large partie de la population, semble donc sur le point de s’imposer face au Parti conservateur dirigé par Pierre Poilievre.
Mark Carney, âgé de 60 ans, a pris les rênes du gouvernement canadien en mars, à la suite de la démission de Justin Trudeau. Bien que novice en politique, Carney bénéficie d’une solide expérience dans la gestion des crises économiques, ayant dirigé la Banque du Canada et la Banque d’Angleterre. Ce parcours lui confère une crédibilité qui séduit un large éventail d’électeurs, y compris ceux issus de l’aile modérée du Parti conservateur. Son programme met l’accent sur des réductions d’impôts pour les plus modestes, ainsi que des investissements dans des secteurs clés comme la défense, l’énergie et le logement. Cette image de pragmatisme et de compétence, combinée à son absence de passé politique national, joue en sa faveur dans un contexte marqué par un rejet du gouvernement précédent.
L’issue de ces élections s’inscrit dans un contexte particulier, où les relations entre le Canada et les États-Unis ont fortement dégradé sous l’ère Trump. La guerre commerciale lancée par le président américain, ainsi que ses déclarations répétées sur la possible annexion du Canada, ont exacerbé les tensions entre les deux nations. Ces événements ont influencé la dynamique politique interne du Canada, avec une population de plus en plus inquiète des implications de cette situation. Pour les électeurs, le choix semble désormais clair : soutenir un leader capable de défendre l’indépendance du pays et de résister aux pressions américaines.
En face de Carney se trouve Pierre Poilievre, le chef du Parti conservateur. Malgré des débuts prometteurs et une popularité croissante, Poilievre se trouve désormais désavantagé dans les sondages, avec seulement 38% des intentions de vote contre 44% pour Carney. L’opposition conservatrice, sous sa direction, a tenté de capitaliser sur un discours radical, marqué par une forte opposition au politiquement correct et des promesses de réduire les impôts et la taille de l’État. Cependant, la proximité idéologique de Poilievre avec Donald Trump, ainsi que ses déclarations controversées sur l’annexion du Canada, ont fini par jouer en sa défaveur. Le climat de méfiance généré par Trump et ses positions agressives à l’égard du Canada semble avoir refroidi les électeurs conservateurs modérés.
À l’approche du scrutin, les analystes s’accordent à dire que la question de l’indépendance face à Trump et à ses politiques est un facteur déterminant dans le choix des électeurs canadiens. Une large partie de l’électorat semble vouloir résister à l’influence de l’ex-président américain, ce qui pourrait profiter au Parti libéral de Carney. Si ce dernier remporte les élections, il pourrait renforcer sa position pour défendre une ligne dure face à Washington tout en consolidant les bases du Parti libéral sur l’échiquier politique canadien.
Les tensions géopolitiques, notamment la guerre commerciale avec les États-Unis, pèsent lourdement sur ce scrutin. Selon Gérard Boismenu, professeur en sciences politiques à l’université de Montréal, l’électorat canadien est avant tout motivé par la volonté de protéger l’indépendance du pays. « Les gens votent beaucoup pour qui pourra résister à Trump », a-t-il observé. La situation à Vancouver, où un automobiliste a foncé dans la foule lors d’un festival, a également marqué les esprits, ajoutant une dimension dramatique à une campagne déjà tendue.