Le Front Commun pour le Congo (FCC), plateforme politique de l’ex-président Joseph Kabila, a réagi fermement à la requête déposée cette semaine devant le Sénat, visant à lever l’immunité parlementaire de l’ancien chef de l’État. Cette demande l’accuse de collusion avec le groupe rebelle M23, qui contrôle une partie de l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Pour le FCC, cette initiative constitue une tentative de violation de la Constitution et un risque pour la stabilité du pays.
Dans sa déclaration du 3 mai, la coalition Kabiliste a rappelé que l’ancien président bénéficie d’une protection constitutionnelle qui ne peut être remise en question sans une procédure légale stricte. Selon le FCC, pour que Joseph Kabila puisse être jugé, il faudrait obtenir une majorité des deux tiers du Parlement réuni en Congrès, une condition qui n’a pas été remplie, selon eux. Cette démarche est donc perçue comme une atteinte à l’ordre constitutionnel et une menace pour la stabilité des institutions congolaises.
La demande de levée d’immunité survient dans un contexte particulièrement tendu, marqué par une grave crise sécuritaire à l’est de la RDC, où le M23 exerce une influence notable. La coalition de Kabila considère cette action comme un déstabilisateur politique, notamment au moment où l’ex-président annonçait son retour au pays après plusieurs années d’exil. Pour le FCC, ce timing n’est pas anodin, et la requête est perçue comme une manière de détourner l’attention des vrais enjeux sécuritaires et politiques du pays.
La RDC, déjà fragilisée par des conflits internes et des tensions à l’Est, vit une période de grande instabilité. L’accusation de collusion entre Joseph Kabila et le M23 s’inscrit dans un climat de polarisation politique, où les anciennes figures du pouvoir sont régulièrement confrontées aux nouvelles autorités en place, sous l’égide de Félix Tshisekedi.
La levée de l’immunité de Joseph Kabila, si elle venait à être validée, marquerait un tournant dans la politique congolaise, en créant un précédent qui pourrait avoir des répercussions sur la gestion des anciens chefs d’État. Cette situation pourrait également renforcer les divisions au sein de l’opposition et de la majorité parlementaire, avec des conséquences sur l’équilibre politique fragile de la RDC. Un tel dénouement pourrait entraîner des conséquences lourdes pour la démocratie et la stabilité des institutions congolaises, selon les défenseurs de Kabila.
L’appel à la mobilisation du FCC, incitant les Congolais à se défendre contre cette “diversion politiquement motivée”, pourrait également conduire à un renouveau des tensions entre partisans de l’ancien président et ceux du gouvernement actuel. Ce climat de tension risque de perturber davantage les efforts de pacification et de réconciliation nationale, nécessaires dans le contexte actuel.
La coalition FCC dénonce ce qu’elle considère comme une tentative délibérée d’affaiblir Joseph Kabila et de le discréditer aux yeux de la population. Le retour de Kabila en RDC après son exil est perçu par ses partisans comme un retour légitime d’un homme d’État sage, tandis que ses détracteurs voient dans sa résurgence une tentative de revenir sur la scène politique nationale. Cette divergence de points de vue entre les différents acteurs politiques du pays pourrait continuer de diviser les opinions publiques et ralentir tout processus de réforme institutionnelle.
Le débat sur la levée de l’immunité parlementaire de Joseph Kabila est donc bien plus qu’une simple affaire judiciaire, c’est une question politique profonde qui touche au cœur des tensions entre l’ancienne et la nouvelle génération politique congolaise. La RDC se trouve à un carrefour crucial, où chaque action politique peut potentiellement redéfinir l’avenir de ses institutions et de ses relations internes.