Trente ans après avoir fui les violences du génocide de 1994, 360 réfugiés rwandais sont rentrés chez eux via le poste-frontière de Rubavu, dans l’ouest du pays. Ce groupe, en provenance de la province du Nord-Kivu en République démocratique du Congo (RDC), a été accueilli par les autorités locales, qui ont assuré qu’ils bénéficieront d’un soutien avant leur réintégration dans les programmes nationaux de développement.
Ce retour s’inscrit dans un plan plus large du gouvernement rwandais visant à rapatrier quelque 2 500 ressortissants installés à l’étranger depuis des décennies. Ces réfugiés avaient été retenus durant des années dans des zones contrôlées par les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé accusé de liens avec les auteurs du génocide. Selon le ministère rwandais chargé de la Gestion des urgences, un dispositif d’accompagnement est en place pour favoriser leur réinsertion sociale et économique.
Après le génocide de 1994, près de deux millions de Rwandais avaient fui vers les pays voisins, notamment la RDC, par crainte de représailles ou pour échapper aux violences. Certains groupes armés, dont les FDLR, ont émergé dans cette région en proie à l’instabilité. Depuis, Kigali accuse régulièrement ces milices de menacer la sécurité nationale et de freiner le retour des exilés. Ce contexte a longtemps compliqué les opérations de rapatriement volontaire.
Les autorités rwandaises souhaitent aujourd’hui intensifier les efforts de retour et de réintégration, y voyant une opportunité de réconcilier les mémoires et de renforcer la cohésion nationale. « Nous sommes heureux d’accueillir nos compatriotes. Ils constituent une main-d’œuvre précieuse pour le développement du pays », a déclaré Prosper Mulindwa, le maire de Rubavu, dans une déclaration relayée par les médias locaux.
Le retour des réfugiés soulève aussi des défis pratiques : accès au logement, éducation des enfants, emploi, et parfois réconciliation avec les communautés locales. Le gouvernement s’engage à soutenir ces efforts avec l’aide de partenaires humanitaires et à intégrer ces anciens exilés dans ses programmes économiques, notamment dans l’agriculture et l’artisanat.
Certains rapatriés, interrogés par des radios locales, ont exprimé un mélange d’émotion et de soulagement. « Je n’avais jamais imaginé revoir ma terre natale », confie un homme âgé d’une cinquantaine d’années, arrivé avec ses enfants. Pour lui comme pour d’autres, ce retour marque la fin d’un long exil, mais aussi le début d’une nouvelle vie dans un Rwanda en pleine transformation.