Face à l’escalade des violences jihadistes dans la région, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) affirme avancer rapidement dans la mise en place d’une force régionale de lutte contre le terrorisme. Des pays membres se disent déjà prêts à fournir des troupes pour cette initiative sécuritaire d’envergure.
Selon le président de la Commission de la Cedeao, Omar Alieu Touray, les discussions sont bien engagées. Les ministres de la Défense et des Finances des États membres devraient se réunir d’ici la mi-juin afin de définir les modalités de financement de cette force. L’objectif affiché est clair : « assurer la sécurité des citoyens » dans une région de plus en plus fragilisée par les attaques jihadistes, notamment dans le nord du Bénin, du Nigeria, ainsi qu’au Sahel.
Cette annonce intervient alors que la Cedeao est confrontée à des tensions internes majeures. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger, désormais réunis au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), se sont retirés de l’organisation au début de l’année, dénonçant son alignement supposé sur les intérêts français. Ces ruptures compliquent toute tentative de coordination régionale, alors que les groupes jihadistes, liés à Al-Qaïda ou à l’État islamique, continuent de tirer profit des failles sécuritaires et des frontières poreuses.
Malgré les divisions, Omar Alieu Touray estime qu’une coopération reste possible, même avec les pays sortis de la Cedeao : « Il devrait encore y avoir un moyen pour nous de collaborer afin de maintenir la sécurité régionale », a-t-il plaidé. Cependant, sans accord politique, la mutualisation des efforts sécuritaires reste fragile. Les initiatives actuelles de l’AES, menées sans les pays côtiers comme la Côte d’Ivoire ou le Bénin, peinent à contenir la menace qui s’étend.
En avril, plus de cent civils ont été tués dans le nord-est du Nigeria, tandis que le nord du Bénin, devenu un nouveau front du jihadisme, a perdu 54 soldats dans une série d’attaques. Ces violences révèlent l’extension de la menace hors du Sahel traditionnel, vers des États du golfe de Guinée jusqu’ici relativement épargnés. L’absence de coordination militaire efficace entre les différents pays aggrave la vulnérabilité des zones frontalières.
Selon le dernier Indice mondial du terrorisme publié en mars, le Sahel concentre plus de la moitié des décès liés au terrorisme dans le monde. Le Burkina Faso reste, pour la deuxième année consécutive, le pays le plus touché au niveau mondial, suivi par le Niger à la cinquième position. Ce constat alarmant souligne l’urgence d’une réponse régionale coordonnée, au-delà des clivages politiques ou idéologiques.