Le Département d’État américain a annoncé, jeudi 22 mai, l’entrée en vigueur de sanctions contre le gouvernement soudanais. Ces mesures font suite à des accusations graves : l’armée régulière, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan, aurait eu recours à des armes chimiques dans sa lutte contre les Forces de soutien rapide (FSR), menées par Mohamed Hamdane Daglo, dit « Hemedti ». Une accusation que le gouvernement soudanais dément catégoriquement.
L’annonce américaine reste vague. Le communiqué officiel ne précise ni la nature exacte des armes, ni les lieux, dates ou cibles des attaques chimiques évoquées. Pourtant, en janvier dernier, le New York Times révélait que l’armée soudanaise aurait utilisé à deux reprises du chlore sous forme gazeuse contre des positions tenues par les FSR en 2024. Selon le journal, ce produit chimique, qui provoque des lésions aux yeux, à la peau et aux voies respiratoires, pourrait avoir été utilisé dans des zones isolées.
Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans une guerre dévastatrice entre l’armée régulière et les FSR. Ce conflit interne a déjà causé des milliers de morts et des déplacements massifs de civils. Les accusations d’usage d’armes chimiques viennent s’ajouter à un climat d’escalade des violences, et renforcent les inquiétudes de la communauté internationale sur le respect du droit humanitaire au Soudan.
En réponse à ces accusations, Washington prévoit l’entrée en vigueur de sanctions dès le 6 juin. Celles-ci comprendront des restrictions sur les exportations américaines vers le Soudan et la suspension d’aides financières. Le Département d’État reproche en particulier au Soudan de ne pas avoir respecté la Convention sur les armes chimiques, à laquelle il a pourtant souscrit.
Le gouvernement basé à Port-Soudan a rapidement réagi. Dans un communiqué publié le 23 mai, il a rejeté en bloc ces accusations, les qualifiant de « chantage politique » et de « falsification délibérée des faits ». Les autorités soudanaises estiment que ces allégations visent à exercer des pressions politiques sur un pays déjà fragilisé par la guerre.
Des experts redoutent que ces accusations, si elles se confirment, traduisent une volonté d’intensifier les combats, avec un possible usage d’armes chimiques dans des zones densément peuplées. Une telle dérive aurait des conséquences dramatiques pour la population civile, qui paie déjà un lourd tribut dans cette guerre interne. Les sanctions américaines, si elles sont appliquées, pourraient en outre aggraver la situation humanitaire et économique du pays.