Au premier trimestre 2025, plusieurs pays africains affichent encore des taux d’intérêt bancaires parmi les plus élevés au monde. Ce constat découle des données compilées par les banques centrales et les rapports financiers récents. Ces taux, dépassant largement la moyenne mondiale située sous les 10 %, freinent l’accès au crédit, aussi bien pour les entreprises que pour les particuliers, et ralentissent l’activité économique.
Pour lutter contre l’inflation galopante, protéger des monnaies en perte de vitesse et gérer des dettes publiques croissantes, les banques centrales africaines n’ont d’autre choix que de maintenir, voire d’augmenter les taux directeurs. Cette stratégie vise à stabiliser l’économie, mais elle a un coût : emprunter devient plus onéreux, ce qui pénalise la consommation, les investissements et la création d’emplois.
Ces hausses de taux s’inscrivent dans un environnement déjà fragilisé. Des pays comme le Zimbabwe, en tête du classement avec un taux d’intérêt de 35 %, subissent l’impact combiné d’une inflation incontrôlée, d’une monnaie locale en perte de valeur et d’un accès limité au financement. Le Ghana et le Nigeria, confrontés à des défis similaires malgré leurs ressources pétrolières, illustrent la difficulté d’équilibrer croissance et stabilité monétaire. Dans des pays comme le Malawi, la Sierra Leone ou la République démocratique du Congo, la lutte contre l’inflation reste prioritaire face à une croissance timide.
Classement des 10 premiers pays africains selon les taux d’intérêt bancaires (début 2025)
Rang | Pays | Taux d’intérêt bancaire moyen |
---|---|---|
1 | Zimbabwe | 35% |
2 | Ghana | 28% |
3 | Nigeria | 27.5% |
4 | Malawie | 26% |
5 | Egypte | 25.5% |
6 | République démocratique du Congo | 25% |
7 | Sierra Leone | 24.75% |
8 | Angola | 19.5% |
9 | Liberia | 17% |
10 | Gambie | 17% |
Alors que la conjoncture mondiale reste instable et que les prix des matières premières fluctuent, les perspectives d’assouplissement monétaire en Afrique demeurent limitées. Les banques centrales hésitent à baisser leurs taux par crainte de relancer l’inflation. Dans ce contexte, le coût élevé du crédit devrait persister dans les mois à venir, pesant sur les économies locales et freinant la relance post-pandémie.
Les chefs d’entreprise et les ménages africains font face à des taux prohibitifs qui limitent leurs marges de manœuvre. « Nous devons jongler avec des prêts à des taux dépassant 25 %, ce qui freine nos projets d’expansion », confie un entrepreneur ghanéen. Des analystes estiment que tant que l’inflation et l’instabilité monétaire prévaudront, il sera difficile pour les pays africains de desserrer leur politique monétaire sans risques majeurs. D’autres préconisent des réformes structurelles pour diversifier les économies et limiter la dépendance aux dettes publiques.