Le bras de fer entre l’État camerounais et le groupe canadien Magil s’envenime autour du complexe sportif d’Olembe. Magil réclame près de 16 milliards de francs CFA (environ 25 millions d’euros) pour des factures impayées liées à l’arrêt des travaux depuis deux ans. En face, le gouvernement conteste ces montants et dénonce un manquement aux engagements contractuels de l’entreprise.
Selon Magil, l’État camerounais, via le ministère des Sports, aurait bloqué les fonds après la réception anticipée du chantier, ce qui a suspendu les paiements dus. En 2023, la Cour internationale d’arbitrage de Paris a même ordonné au Cameroun de consigner cette somme dans un compte séquestre, une décision que le gouvernement camerounais refuse d’appliquer, affirmant que Magil a déjà reçu 42 milliards de FCFA (environ 64 millions d’euros) pour la première phase des travaux, contre les 22 milliards initialement prévus.
Le complexe sportif d’Olembe, prévu pour accueillir la Coupe d’Afrique des nations masculine de football en 2022, devait symboliser le rayonnement sportif du Cameroun. Après la rupture du contrat initial avec l’Italien Piccini, Magil avait été choisi en 2020 pour reprendre et achever les travaux. Depuis, le chantier est à l’arrêt, et les malfaçons ainsi que les retards accumulés entachent l’image du projet et du pays.
Face aux accusations de Magil, le gouvernement camerounais envisage de porter plainte devant les juridictions compétentes, estimant que l’entreprise a failli à ses obligations contractuelles. Ce bras de fer pourrait prolonger encore l’impasse et retarder davantage la reprise des travaux du complexe d’Olembe, pourtant stratégique pour l’image sportive du pays.
L’affaire du complexe d’Olembe est emblématique des nombreux chantiers d’envergure en Afrique où les conflits financiers et juridiques freinent les projets d’infrastructure. Des voix s’élèvent pour dénoncer une mauvaise gestion et une planification défaillante, tant du côté du maître d’ouvrage que des entreprises contractantes. D’autres rappellent que ces litiges risquent d’aggraver les retards et d’alourdir la facture finale pour l’État camerounais.
Alors que le complexe d’Olembe reste à l’arrêt, aucune date de reprise des travaux n’a été avancée, et les négociations entre les parties restent au point mort. Ce dossier illustre les défis que rencontre le Cameroun dans la réalisation de projets d’envergure, et met en lumière la nécessité d’une meilleure gouvernance des marchés publics pour éviter que de tels blocages ne se répètent.