Aliko Dangote, figure emblématique du capitalisme nigérian, annonce que son groupe prévoit de générer jusqu’à 7 millions de dollars de revenus quotidiens grâce aux exportations d’engrais. Une ambition qui s’inscrit dans le contexte d’un Nigeria en quête de diversification économique et de devises fortes.
Lors d’une rencontre au siège de l’Autorité portuaire du Nigeria (NPA) à Lagos, Dangote a détaillé ses objectifs : atteindre 16 000 tonnes d’exportations d’engrais par jour, soutenues par une demande mondiale stable et des prix élevés. Cette stratégie, visant à faire du Nigeria un acteur majeur sur le marché des engrais, devrait permettre à Dangote Industries Limited (DIL) de devenir le principal fournisseur privé de devises du pays.
Cette ambition s’inscrit dans un climat où le Nigeria, première économie d’Afrique, cherche à compenser la volatilité de ses revenus pétroliers et à renforcer sa résilience face aux chocs économiques mondiaux. Dangote capitalise sur les potentialités de l’industrie locale, à travers des investissements massifs dans le ciment, le charbon, le polypropylène et les produits pétroliers raffinés issus de la raffinerie de Lekki.
Pour soutenir ces exportations massives, le groupe Dangote prévoit de mobiliser près de 240 navires de brut et 600 navires de produits raffinés chaque année. Il insiste sur l’urgence de renforcer les capacités techniques de la NPA, en matière d’assistance à la navigation et d’équipements portuaires, afin de fluidifier les flux commerciaux. La modernisation des terminaux et la création de nouveaux ports en eau profonde apparaissent dès lors comme des leviers stratégiques.
Au-delà des engrais, Dangote développe une stratégie multisectorielle : 6 millions de tonnes de ciment issues de son usine d’Itori (État d’Ogun) sont déjà destinées à l’export, et les premières cargaisons de charbon devraient quitter le pays sous peu. L’entreprise prévoit aussi d’exporter entre 600 000 et 700 000 tonnes de polypropylène, ainsi que 25 millions de tonnes de produits raffinés par an depuis la raffinerie de Lekki.
Le directeur général de la NPA, Abubakar Dantsoho, se veut rassurant. Le programme « Naira for Crude », lancé en octobre 2024, permettrait déjà de traiter 57 navires par mois. La modernisation des terminaux de Tin-Can et Apapa est attendue pour le troisième trimestre 2025. Par ailleurs, cinq nouveaux ports en eau profonde ont récemment obtenu le feu vert du gouvernement, renforçant la capacité portuaire du pays.