La création de la Banque Confédérale d’Investissement et de Développement (BCID) par l’Alliance des États du Sahel (AES) pourrait bien séduire d’autres pays du continent, affirme le politologue et panafricaniste malien Agali Welé. Selon lui, cette initiative va bien au-delà d’un simple outil financier : elle marque une rupture nette avec les modèles de financement conditionnés par des partenaires extérieurs.
D’après Agali Welé, cette nouvelle banque confédérale permet aux trois pays de l’AES de financer eux-mêmes les projets qu’ils jugent prioritaires, sans être soumis à des exigences extérieures jugées inacceptables. En reprenant le contrôle sur leurs leviers de développement, ces pays entendent renforcer leur autonomie économique et répondre plus efficacement aux besoins de leurs populations. L’objectif est clair : construire un modèle de développement interne, fondé sur les priorités nationales, et non dicté par des intérêts extérieurs.
La création de la BCID s’inscrit dans un contexte où plusieurs pays africains remettent en question les modèles économiques imposés depuis l’extérieur, qu’il s’agisse des politiques d’ajustement structurel, des financements assortis de conditions drastiques ou de l’influence grandissante d’institutions financières internationales. Le projet de l’AES traduit ainsi une volonté d’émancipation et de réappropriation des leviers économiques, dans un climat géopolitique régional instable et marqué par des tensions entre les pays membres et certains partenaires occidentaux.
Agali Welé estime que la création de cette banque confédérale pourrait inspirer d’autres pays africains à rejoindre l’AES ou à envisager des structures monétaires similaires. La dynamique enclenchée pourrait renforcer les mouvements de régionalisation et de coopération Sud-Sud, donnant naissance à de nouvelles alliances économiques basées sur des principes d’indépendance et de solidarité africaine. Cependant, cette perspective soulève également des interrogations sur les risques d’isolement, de tensions diplomatiques et sur la viabilité économique à long terme de l’initiative.
Si cette banque incarne une volonté de souveraineté économique, sa mise en œuvre soulève des défis considérables : comment garantir la stabilité financière de cette nouvelle structure ? Quels mécanismes de gouvernance seront adoptés pour éviter les dérives et les pressions politiques internes ? De plus, l’absence d’un consensus régional clair sur ce type de modèle risque d’accentuer les divisions entre pays africains, voire de fragiliser certains équilibres existants.
Au-delà des discours sur la souveraineté, la réussite de la BCID dépendra de sa capacité à mobiliser les ressources nécessaires, à assurer une gestion transparente et à maintenir la confiance des populations et des investisseurs. Elle devra également démontrer que l’indépendance économique ne se traduit pas par une fermeture sur le monde, mais par une capacité accrue à négocier des partenariats équilibrés et mutuellement bénéfiques.