Standard Chartered Bank lance l’édition 2025 de son programme « Women in Cyber Mentorship » en Afrique de l’Est. Objectif : former 100 jeunes femmes âgées de 19 à 30 ans, originaires du Kenya, de l’Ouganda et de la Tanzanie, afin de renforcer leur présence dans un secteur stratégique mais encore largement masculin. Ce programme gratuit, qui s’étendra sur quatre mois à partir d’août, comprend des formations techniques en ligne, un accompagnement professionnel, des ateliers de développement personnel et des crédits pour le développement continu.
Le programme, conçu en partenariat avec le centre @iLabAfrica de l’université Strathmore, entend doter les participantes de compétences opérationnelles en cybersécurité et les préparer à intégrer le marché de l’emploi ou à se lancer dans l’entrepreneuriat numérique. La sélection, qui se veut rigoureuse, s’achèvera le 30 juin. La cohorte bénéficiera d’un mentorat personnalisé, essentiel pour développer l’expertise technique et la confiance nécessaire dans un environnement encore peu inclusif.
Selon le rapport « Africa Cybersecurity » de 2023 publié par Serianu, moins de 10 % des professionnels de la cybersécurité en Afrique sont des femmes, contre 25 % à l’échelle mondiale. Une sous-représentation qui freine les ambitions numériques du continent. Pour Jaine Mwai, directrice des systèmes d’information chez Standard Chartered, la transformation numérique ne pourra se faire sans inclure les femmes : « Il faut combler à la fois le déficit de compétences et celui de diversité ».
L’efficacité du programme dépendra de l’ancrage local et de la capacité des bénéficiaires à convertir cette formation en débouchés concrets. Le défi est double : lever les freins à l’entrée des femmes dans les sciences et technologies, et garantir la pérennité des efforts par des alliances durables entre le monde académique, le secteur privé et les politiques publiques.
Mais l’ambition affichée pourrait se heurter à plusieurs limites structurelles : manque d’infrastructures de formation avancée, absence de stratégie nationale coordonnée, inégalités territoriales persistantes. Pour que cette initiative ait un impact à l’échelle régionale, elle devra s’inscrire dans une vision plus large de souveraineté numérique, appuyée par une volonté politique forte.
À long terme, seule une politique d’intégration systémique des femmes dans les métiers de la cybersécurité permettra d’ancrer durablement ce type d’initiatives. Le mentorat, s’il est bien structuré, peut devenir un levier de transformation sociale autant que technologique. L’enjeu dépasse la simple formation : il s’agit d’un choix stratégique pour l’avenir numérique du continent.