Le Fonds monétaire international (FMI) a approuvé le 4 juin un nouveau décaissement de 58 millions de dollars en faveur de la République centrafricaine. L’objectif : pallier les déséquilibres persistants de la balance des paiements et préserver les dépenses publiques essentielles, notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Une aide validée malgré des « résultats mitigés » dans la mise en œuvre des engagements budgétaires du gouvernement.
Selon le FMI, Bangui n’a pas atteint ses objectifs en matière de réduction du déficit intérieur ni respecté ses engagements de non-accumulation d’arriérés extérieurs. L’institution internationale alerte notamment sur le marché des carburants, dont la réforme est jugée « essentielle » pour restaurer la stabilité macroéconomique. Le secteur reste plombé par des importations jugées coûteuses et opaques, depuis que la société camerounaise Neptune Oil a obtenu le monopole de l’importation, à la suite du départ de Total.
Fin mai, la commission économie de l’Assemblée nationale centrafricaine a dressé un constat préoccupant sur la faiblesse des recettes générées par la vente du don russe de 30 000 tonnes de carburant. Les montants perçus sont bien en dessous des prévisions. Le ministre des Finances, Hervé Ndoba, a renvoyé la question vers un comité interministériel, tout en reconnaissant une « contreperformance persistante » de la fiscalité pétrolière, qui devrait priver le budget national de plus de 6 milliards de francs CFA cette année, soit plus de 9 millions d’euros.
Le FMI table néanmoins sur une légère embellie économique avec une croissance projetée à 3 % et un ralentissement de l’inflation en 2025. Mais l’organisation insiste sur l’urgence de renforcer le contrôle des dépenses, dans un contexte marqué par la diminution progressive de l’aide humanitaire et l’approche des prochaines élections. Sans réforme structurelle, la stabilité économique reste compromise.
Interrogé sur l’avancée de l’audit sur la structure des prix du carburant – une recommandation récurrente du FMI – le ministre Ndoba a déclaré qu’aucun financement n’avait encore été trouvé pour le mener à bien. Son coût est estimé à 120 000 dollars. Ce blocage illustre les limites de l’administration face à une crise énergétique mal maîtrisée et budgétairement pénalisante.
Ce nouveau décaissement confirme une ligne de conduite déjà connue : le FMI continue d’accompagner Bangui, mais sous conditions strictes. Le soutien financier n’efface pas les réserves de l’institution, ni la nécessité d’engager des réformes de fond dans un pays où la gestion opaque de certaines ressources clés continue de freiner le redressement économique. La balle est désormais dans le camp des autorités centrafricaines.