Le gouvernement éthiopien a annoncé une hausse significative de son budget national pour l’exercice 2025/2026, qui atteindra près de 2 000 milliards de birrs, soit environ 15 milliards de dollars. Ce montant marque une progression de plus de 28 % par rapport à l’exercice précédent. L’objectif affiché : répondre à des besoins jugés urgents, en particulier dans les domaines de la sécurité, de l’assistance aux populations vulnérables et de la relance économique.
Selon le bureau du Premier ministre, ce projet budgétaire vise à « soutenir la sécurité nationale, accroître la production et la productivité, et renforcer les dispositifs d’aide en cas de catastrophes ». Le texte, qui doit encore être examiné par le Parlement dans les prochains jours, s’inscrit dans une volonté politique de répondre aux fragilités internes, tout en posant les bases d’une croissance plus inclusive. Cette enveloppe budgétaire devrait également accompagner les réformes engagées par le gouvernement, notamment dans les secteurs stratégiques comme l’énergie, l’agriculture et les infrastructures.
Avec une population estimée à 126,5 millions d’habitants, l’Éthiopie est la deuxième nation la plus peuplée d’Afrique. Le pays enregistre une croissance économique robuste – estimée à 8,1 % pour l’exercice 2023/2024 –, mais cette performance masque de profondes vulnérabilités. Le revenu national brut par habitant reste faible (environ 1 020 dollars), et les inégalités territoriales comme sociales freinent l’adhésion de la population à l’agenda gouvernemental. Les tensions ethniques et les effets du changement climatique compliquent aussi la mise en œuvre des politiques publiques.
Pour redresser durablement ses finances publiques et moderniser son économie, Addis-Abeba s’appuie sur un programme triennal de 3,4 milliards de dollars signé avec le FMI en juillet 2024. Celui-ci inclut des mesures de restructuration de la dette, une réforme monétaire et un soutien à la politique budgétaire. Un accord au niveau technique a été conclu la semaine dernière dans le cadre de la troisième revue du programme, confirmant la volonté de l’Éthiopie de maintenir le cap des réformes malgré les turbulences internes.
L’un des objectifs affichés par le gouvernement est de faire passer le pays dans la catégorie des économies à revenu intermédiaire inférieur dès 2025. Pour cela, l’exécutif compte sur une meilleure mobilisation des recettes fiscales, une plus grande efficacité des dépenses publiques et une stabilité macroéconomique renforcée. Si la trajectoire actuelle est respectée, l’Éthiopie pourrait amorcer une transformation économique majeure, encore conditionnée par des arbitrages politiques sensibles et un contexte régional instable.
Reste que cette hausse du budget, aussi ambitieuse soit-elle, s’inscrit dans un contexte de regain de tensions internes, notamment dans certaines régions du nord du pays. Le gouvernement pourrait aussi chercher, à travers ce projet, à réaffirmer son autorité et à contenir les critiques sur sa gestion de l’après-conflit du Tigré. À l’approche de futures échéances électorales, l’équilibre entre réformes économiques et stabilité politique reste fragile.