Yoweri Museveni, 80 ans, président de l’Ouganda depuis près de quarante ans, sera candidat à sa réélection lors de la présidentielle de janvier 2026. L’annonce a été faite le 24 juin par son parti, le Mouvement national de résistance (NRM), confirmant ainsi son intention de prolonger un règne déjà exceptionnel par sa longévité sur le continent.
Selon le NRM, le chef de l’État retirera ses formulaires de candidature dans les prochains jours auprès de la commission électorale du parti. Le docteur Tanga Odoi, président de ladite commission, a précisé que Museveni briguera simultanément la direction du NRM et le rôle de porte-drapeau pour la présidentielle. Il s’agira donc, sauf surprise, de sa huitième participation à une élection nationale depuis sa prise de pouvoir en 1986.
Arrivé au pouvoir par les armes après une guérilla contre le régime d’Apollo Milton Obote, Museveni a progressivement renforcé son contrôle du système politique. En 2005, la Constitution a été amendée pour supprimer la limite du nombre de mandats présidentiels, puis en 2017 pour abolir la limite d’âge fixée à 75 ans. Ces réformes ont ouvert la voie à des réélections successives, dans un contexte de contestation croissante.
Le paysage politique ougandais reste marqué par la répression de l’opposition. L’ancien candidat Kizza Besigye, figure historique de l’opposition et ex-allié de Museveni, est actuellement incarcéré pour trahison dans des conditions jugées « inhumaines » par son épouse. Plusieurs ONG, dont Amnesty International, réclament sa libération immédiate, dénonçant une instrumentalisation de la justice à des fins politiques.
Face à Museveni, Robert Kyagulanyi, alias Bobi Wine, a déjà annoncé son intention de se représenter. L’ex-chanteur devenu homme politique, aujourd’hui âgé de 43 ans, avait recueilli près de 35 % des voix en 2021. Une performance qu’il avait jugée volée, dénonçant de vastes fraudes électorales et une répression violente contre ses partisans. Sa nouvelle candidature pourrait mobiliser une jeunesse urbaine lassée du régime en place.
L’élection de 2026 s’annonce tendue. Les accusations de manipulation électorale, les arrestations arbitraires d’opposants et la persistance d’un climat de peur compromettent l’équité du scrutin. Dans ce contexte, la réélection de Museveni, bien que probable, ne ferait que raviver les critiques sur l’état démocratique du pays. Le vote de janvier 2026 ne se jouera pas seulement dans les urnes, mais aussi sur le terrain des libertés fondamentales.