La Libye pourrait générer plus de 20 milliards de dollars de revenus pétroliers d’ici la fin de l’année, à condition que les tensions géopolitiques dans la région du Moyen-Orient maintiennent le prix du baril de Brent au-delà des 100 dollars. Cette perspective offre un ballon d’oxygène à une économie encore entièrement dépendante de ses exportations d’hydrocarbures.
Selon Salem Al-Remih, président de l’Union générale des travailleurs du pétrole en Libye, une telle hausse des cours constituerait un levier de relance non négligeable pour les finances publiques du pays. L’économie libyenne reste extrêmement sensible aux fluctuations du marché pétrolier, ce qui rend chaque variation des prix décisive. En l’état, cette potentielle manne permettrait d’atténuer les tensions budgétaires, à condition que la production et les exportations se maintiennent à un rythme soutenu.
La Libye, morcelée entre factions rivales depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, souffre d’un climat institutionnel instable et d’un manque de cohérence dans la gouvernance économique. Son secteur pétrolier, bien que vital, est régulièrement interrompu par des conflits armés, des blocages locaux ou des sabotages d’infrastructures. L’absence de diversification structurelle empêche toute résilience économique face aux chocs extérieurs.
Si les prix restent élevés, les caisses de l’État pourraient être provisoirement renflouées. Mais rien ne garantit la durabilité de cette embellie. L’Agence nationale libyenne du pétrole (NOC) peine à mettre en œuvre des investissements de modernisation, et les menaces sur les terminaux de chargement ou les champs de production restent constantes. La moindre flambée de violence peut remettre en cause les prévisions les plus optimistes.
Cette dépendance chronique aux hydrocarbures illustre une stratégie de court terme. Les gouvernements successifs ont échoué à réinvestir les recettes pétrolières dans des secteurs porteurs ou dans l’édification d’un État fonctionnel. En attendant, la population continue de faire face à des pénuries d’électricité, de liquidités et à un système de santé délabré, tandis que les élites politiques rivalisent pour le contrôle de la rente pétrolière.