À deux jours de la signature annoncée d’un accord de paix entre la République démocratique du Congo et le Rwanda à Washington, l’ancien président nigérian Olusegun Obasanjo s’est rendu discrètement à Kinshasa, où il a été reçu pendant deux heures par Félix Tshisekedi. Cette visite intervient dans un moment crucial pour les efforts diplomatiques visant à désamorcer le conflit armé qui ravage l’est de la RDC depuis des années.
Mandaté comme l’un des cinq facilitateurs africains par l’EAC et la SADC, Olusegun Obasanjo multiplie les consultations entre les parties en conflit. Après avoir rencontré Paul Kagame à Kigali, il s’est entretenu le 25 juin avec le président congolais à Kinshasa. À l’issue de cet échange, Obasanjo a déclaré que les discussions progressaient « sur le bon chemin », tout en appelant à une fin durable des confrontations militaires entre les deux voisins.
Le conflit dans l’est de la RDC oppose l’armée congolaise à divers groupes armés, dont le M23, que Kinshasa accuse d’être soutenu par Kigali – ce que ce dernier dément. Ce différend a ravivé les tensions historiques entre les deux pays, dans une région où les rivalités ethniques, les intérêts économiques et les enjeux géopolitiques se croisent. Malgré plusieurs initiatives régionales, les tentatives de cessez-le-feu n’ont jusqu’ici pas tenu sur la durée.
Ce mercredi à la Cité de l’Union africaine, le Président Félix Tshisekedi s’est entretenu avec l’ancien Président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, l’un des facilitateurs désignés par la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et la Communauté de développement de l’Afrique australe… pic.twitter.com/vj8ArrOglg
— Présidence RDC 🇨🇩 (@Presidence_RDC) June 25, 2025
L’accord qui doit être signé à Washington entre les ministres des Affaires étrangères de la RDC et du Rwanda est perçu comme une nouvelle tentative de médiation, cette fois sous l’égide des États-Unis, avec l’appui du Qatar. Pour Obasanjo, toutes les initiatives sont bienvenues si elles peuvent aboutir à une paix durable. Il a réaffirmé son soutien à la diplomatie multilatérale, estimant que les efforts africains et internationaux doivent converger.
Avant la signature attendue à Washington, Obasanjo poursuit sa mission en Afrique. Il se rendra à Lomé pour faire le point avec le président Faure Gnassingbé, médiateur mandaté par l’Union africaine. Cette coordination entre médiateurs africains vise à assurer une cohérence des approches diplomatiques, et à consolider un cadre régional de suivi, dans une région où les efforts de paix restent fragiles.
Le rôle d’Olusegun Obasanjo illustre une volonté africaine de s’approprier la résolution de ses crises, même si les leviers sont encore limités face aux intérêts divergents et aux dynamiques militaires sur le terrain. Si la signature d’un accord à Washington offre une fenêtre d’espoir, elle ne saurait masquer la nécessité d’un dialogue direct et sincère entre les protagonistes, avec un accompagnement constant et structuré des partenaires régionaux et internationaux.