Au Togo, les trois jours de mobilisation contre le régime de Faure Gnassingbé se sont achevés dans la tension et le sang. Le 28 juin, deux corps de jeunes manifestants ont été retrouvés dans la lagune de Lomé, après une série de répressions policières dénoncées par la société civile. Le gouvernement a qualifié ces rassemblements d’illégaux, en dépit des appels pacifiques venus notamment de la diaspora.
Vendredi 27 juin, au deuxième jour des manifestations, la capitale togolaise était presque à l’arrêt. Boutiques fermées, rues désertées, marchés silencieux : un climat d’étouffement régnait dans plusieurs quartiers, notamment Bè et Adakpamé. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des interpellations musclées, des manifestants frappés et des tirs de gaz lacrymogènes. Plusieurs ONG locales de défense des droits humains font état de blessés, d’arrestations arbitraires et de la présence inquiétante de miliciens dans les rues.
Cette nouvelle vague de contestation s’inscrit dans un contexte politique marqué par la longévité au pouvoir de la famille Gnassingbé. Faure Gnassingbé dirige le pays depuis 2005, succédant à son père Gnassingbé Eyadéma, resté à la tête de l’État pendant 38 ans. Malgré les appels répétés à l’alternance et les nombreuses promesses de réformes, les manifestations sont régulièrement réprimées, et les voix dissidentes peinent à se faire entendre dans un paysage politique verrouillé.
À l’origine de ces manifestations, des influenceurs et artistes togolais de la diaspora, qui ont appelé à une mobilisation nationale contre l’autoritarisme et la pauvreté persistante. Sur les réseaux sociaux, des mots d’ordre comme #TogoEnDanger ont circulé massivement. En réponse, le pouvoir a opté pour la fermeté, niant toute responsabilité dans les violences et mettant en garde contre les « tentatives de déstabilisation ».
Alors que les circonstances de la mort des deux jeunes retrouvés dans la lagune restent floues, aucune enquête indépendante n’a été annoncée. Les familles attendent des réponses, tandis que les ONG locales et certains partenaires internationaux appellent à faire toute la lumière sur les événements. Pour l’heure, le gouvernement maintient le silence.