Réuni à Niamey ce 28 juin 2025 pour l’installation du Conseil consultatif de la Refondation (CCR) du Niger, le général Malick Diaw, président du Conseil national de transition (CNT) du Mali, a profité de la tribune pour appeler à un renforcement de l’intégration parlementaire entre les pays membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). Il voit dans cette initiative une étape décisive vers la souveraineté politique de la région, qu’il souhaite consolider par la mise en place d’un cadre législatif commun.
Lors de son allocution, le général malien a salué l’initiative nigérienne, estimant qu’elle illustrait une volonté populaire de « refondation », conforme aux idéaux portés par le président nigérien. Pour Malick Diaw, l’installation du CCR est bien plus qu’un acte institutionnel : elle serait la preuve d’une adhésion nationale à un projet politique tourné vers l’autodétermination et la rupture avec les influences étrangères.
Cette dynamique s’inscrit dans un contexte régional marqué par la défiance envers les anciens partenaires occidentaux, en particulier la France, et par le retrait coordonné du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO. Depuis la création de l’AES en juillet 2024, ces trois pays cherchent à bâtir un cadre de coopération alternatif, davantage centré sur leurs priorités sécuritaires, économiques et politiques. La guerre contre les groupes jihadistes reste un enjeu de survie pour les régimes militaires en place.
Dans ce cadre, la proposition de Malick Diaw de créer un comité interparlementaire de l’AES s’inscrit dans une logique d’institutionnalisation progressive de la Confédération. L’idée serait de doter l’espace sahélien d’un organe représentatif capable d’exprimer la volonté populaire dans un cadre régional. Selon Diaw, cette structure législative permettrait de renforcer la cohérence politique de l’AES et de consolider ses bases juridiques et institutionnelles.
Mais cette diplomatie parlementaire reste pour l’heure une projection. Aucun calendrier, ni feuille de route précise, n’a été évoqué. Reste à savoir si les autres membres de l’AES, notamment les régimes de Ouagadougou et Niamey, s’aligneront sur cette proposition. La légitimité de ces conseils de transition, non élus, pourrait aussi être contestée à l’intérieur comme à l’extérieur de la région.
Enfin, le discours du général Diaw s’inscrit dans une stratégie plus large de repositionnement des États sahéliens sur la scène internationale. À travers des structures comme le CCR ou un futur parlement sahélien, il s’agit de construire une nouvelle légitimité, fondée sur des institutions locales et des alliances africaines. Cette vision d’une souveraineté retrouvée, même portée par des régimes militaires, répond à une attente réelle dans des populations souvent désabusées par des décennies de dépendance politique et économique.