Lors d’un déjeuner de travail à la Maison-Blanche, Donald Trump a accueilli cinq chefs d’État africains, dont le Sénégalais Bassirou Diomaye Faye, pour poser les bases d’une coopération tournée vers le commerce, les investissements et la stabilité régionale. L’ancien président américain entend se positionner comme un partenaire stratégique, face à la présence croissante de la Chine sur le continent.
Trump a martelé sa volonté de rompre avec la logique traditionnelle de l’aide pour instaurer un modèle fondé sur les échanges commerciaux et les partenariats d’investissements. Il a souligné le potentiel économique du continent africain, riche en ressources naturelles, mais surtout, selon lui, en « peuples formidables ». Le président américain a mis en avant une approche pragmatique, incitant chaque pays à définir ce qu’il peut offrir à une relation équilibrée.
Cette initiative intervient alors que les tensions mondiales redessinent les équilibres diplomatiques. En Afrique, la Russie, la Chine, la Turquie ou encore les Émirats arabes unis ont renforcé leur présence économique et sécuritaire. Trump cherche à repositionner les États-Unis comme une alternative crédible. Ce sommet marque aussi la première grande rencontre de sa nouvelle administration avec des dirigeants africains, traduisant une volonté de renouer avec le continent après des années de flou stratégique.
Les cinq dirigeants présents ont détaillé leurs priorités nationales. Le Gabon, par la voix de Brice Clotaire Oligui Nguema, a mis en avant ses projets d’infrastructures – dont un chemin de fer stratégique et un port en eau profonde à Mayumba – tout en sollicitant des financements auprès de l’US-DFC et d’EXIMBANK. Le Sénégal a présenté ses ambitions dans le numérique et les hydrocarbures, tandis que le Libéria, sous la houlette de Joseph Boakai, a appelé à cartographier ses minéraux critiques. La Mauritanie a vanté sa position géographique et sa stabilité, et la Guinée-Bissau a plaidé pour un soutien à son développement multisectoriel.
Au-delà de l’économie, le président américain a insisté sur le rôle des États-Unis dans la résolution des conflits africains. Il a cité les dossiers du Soudan, de la Libye, et surtout les tensions entre la RDC et le Rwanda, affirmant que Washington avait contribué à « calmer les colères » du continent. Si les résultats concrets restent limités, Trump semble déterminé à s’impliquer davantage dans les négociations de paix régionales, même si ses méthodes restent controversées.
Pour donner suite à cette rencontre, Trump a annoncé l’organisation d’un sommet américano-africain élargi en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, à l’automne. L’objectif affiché est d’approfondir les discussions autour des investissements, du développement d’infrastructures et de la coopération technique. Une manière pour les États-Unis de concrétiser leurs promesses, tout en gardant l’Afrique dans leur orbite stratégique.
Ce sommet est une tentative claire de Donald Trump de replacer les États-Unis dans le jeu africain. L’approche transactionnelle et bilatérale qu’il défend séduit certains dirigeants africains, avides de projets concrets. Mais elle soulève aussi des interrogations : quelles garanties de suivi ? Quelle cohérence à long terme ? Et surtout, les promesses de Trump résisteront-elles à l’épreuve du temps et aux aléas de sa politique étrangère toujours instable ?