Une délégation tchadienne de haut niveau est arrivée à Bangui ce jeudi 10 juillet pour concrétiser la mise en œuvre de l’accord de paix signé fin juin entre le gouvernement centrafricain et deux des principaux groupes armés du pays, 3R et UPC. Cet accord, conclu à N’Djaména sous l’égide du président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno, marque une tentative ambitieuse pour sortir la Centrafrique de plusieurs années de conflit armé.
Conduite par les ministres tchadiens de la Communication et des Armées, la mission a pour objectif d’engager des discussions pratiques sur le terrain avec les autorités centrafricaines et les chefs des groupes signataires. Parmi les priorités : mettre en place un comité de suivi, définir les étapes du désarmement, organiser le cantonnement des combattants, et lancer des projets de réinsertion et de développement dans les zones affectées par le conflit. Les chefs de 3R et UPC, Oumar Abdel Kader et Ali Darassa, ont accepté de cesser les hostilités, de désarmer progressivement leurs troupes et de reconnaître l’autorité de l’État.
Cet accord s’inscrit dans un contexte où le Tchad renforce sa position de médiateur régional. Héritier d’un rôle déjà joué sous Idriss Déby père, Mahamat Idriss Déby Itno poursuit une diplomatie active, notamment au Soudan, en Libye ou au Sahel. En Centrafrique, le Tchad intervient après plusieurs années de tensions bilatérales, notamment liées aux incursions transfrontalières et aux rivalités militaires. Cette médiation vise donc aussi à réparer une relation abîmée entre les deux voisins.
Le processus reste cependant incertain. La Centrafrique demeure marquée par l’instabilité, les divisions au sein de l’appareil d’État et la méfiance à l’égard des groupes armés. Par ailleurs, d’autres factions non signataires pourraient perturber l’élan enclenché. Le calendrier de désarmement, s’il n’est pas respecté, risque de nourrir la défiance des populations déjà éprouvées par les violences. La réussite de l’accord dépendra donc de la rigueur dans l’application et du soutien international.
Au-delà de l’aspect sécuritaire, cette mission devrait aussi renforcer les liens bilatéraux entre le Tchad et la RCA. Les échanges commerciaux, la gestion des zones frontalières ou encore les projets communautaires sont au cœur des discussions. En travaillant à stabiliser le nord-ouest centrafricain, le Tchad sécurise aussi sa propre frontière sud et cherche à prévenir toute contagion de l’insécurité.
Enfin, des sources proches de la délégation évoquent la volonté d’instaurer un cadre de dialogue permanent, qui pourrait inclure d’autres acteurs politiques et groupes armés. Cette ouverture, si elle se confirme, pourrait repositionner le Tchad comme facilitateur d’un règlement plus global du conflit centrafricain. Mais elle nécessitera un soutien fort de la communauté internationale, notamment de l’Union africaine, de la CEEAC et des Nations unies.