Le président de la transition malienne, le général Assimi Goïta, a promulgué le 8 juillet une nouvelle version de la Charte de la Transition, qui prolonge le mandat transitoire à cinq ans, renouvelables indéfiniment. Adoptée à l’unanimité par les membres du Conseil national de Transition (CNT), cette révision acte le maintien au pouvoir du gouvernement de transition jusqu’à la « pacification complète » du pays, sans date butoir définie pour le retour à l’ordre constitutionnel.
Le nouveau texte réaffirme les grandes priorités du régime : sécurisation du territoire, refondation de l’État, réforme éducative, promotion de la bonne gouvernance et organisation d’élections générales. Il consacre également une série de principes censés guider l’action publique – patriotisme, mérite, transparence, dialogue – tout en ouvrant la porte à la participation des autorités de transition aux futures élections, en contradiction avec les promesses initiales de neutralité.
Cette réforme s’inscrit dans une trajectoire de consolidation du pouvoir par le gouvernement de transition depuis le putsch d’août 2020, suivi de la prise de contrôle directe par Goïta en mai 2021. Depuis, la transition n’a cessé de s’allonger : la Constitution du 22 juillet 2023 avait déjà marqué une étape importante en refondant les institutions. Désormais, la Charte s’articule avec ce texte fondamental, en précisant que celle-ci ne peut le contredire.
Si la nouvelle Charte prévoit que la durée de la transition peut être écourtée, cela reste conditionné à l’organisation d’une présidentielle jugée « apaisée et transparente ». Autrement dit, les autorités conservent une large marge d’interprétation sur le calendrier électoral, rendant incertaine toute sortie rapide de la transition. En l’état, aucune échéance concrète n’est mentionnée.
Le gouvernement justifie cette révision par les recommandations issues des Assises nationales de 2021 et du Dialogue inter-malien d’avril 2025. Ces processus, largement encadrés par les autorités, ont servi à ancrer un discours de légitimation basé sur la souveraineté nationale et la stabilité. Le CNT, dominé par des personnalités proches du gouvernement de transition, a adopté le texte sans opposition, renforçant l’image d’un pouvoir verrouillé.
Le CNT est maintenu à 147 membres issus de divers corps sociaux, mais sans véritable contre-pouvoir. Le gouvernement reste dirigé par un Premier ministre désigné par le président de la transition, concentrant de fait l’essentiel du pouvoir exécutif entre les mains d’Assimi Goïta. L’évolution institutionnelle du Mali semble donc orientée vers une normalisation durable d’un régime militaire, sous couvert d’une transition perpétuée.