Réunis à Washington du 9 au 11 juillet à l’invitation de l’administration Trump, cinq chefs d’État africains ont pris part à un sommet centré sur le commerce et la sécurité. Mais au-delà des promesses d’investissements, les États-Unis ont formulé une demande inattendue : que ces pays acceptent de reprendre leurs ressortissants condamnés à être expulsés du territoire américain.
Brice Oligui Nguema (Gabon), Umaro Sissoco Embaló (Guinée-Bissau), Mohamed Ould Ghazouani (Mauritanie), Joseph Boakai (Libéria) et Bassirou Diomaye Faye (Sénégal) ont chacun défendu les atouts de leur pays auprès de l’administration Trump. Stabilité institutionnelle, richesses minières, rôle stratégique au Sahel : les arguments n’ont pas manqué pour séduire des investisseurs américains en quête de relais de croissance. La lutte contre le terrorisme et la piraterie dans le golfe de Guinée a également été évoquée comme un enjeu commun.
Mais comme souvent avec Donald Trump, les discussions économiques ne vont pas sans conditions. Selon le Wall Street Journal, les cinq présidents africains se sont vu demander de coopérer au rapatriement de criminels expulsés des États-Unis, que leurs pays d’origine refusent jusqu’ici de reprendre. Cette requête, formulée avant même le déjeuner à la Maison Blanche le 9 juillet, s’appuie sur un document officiel adressé aux ambassades américaines sur le continent.
Interrogé par la presse locale, le président libérien Joseph Boakai a reconnu que cette question a bien été abordée. Il a toutefois nié toute tentative d’imposition, parlant plutôt d’une « préoccupation partagée » par Washington. Aucune décision concrète n’a été rendue publique, et les autres chefs d’État présents sont restés discrets sur leurs intentions. Le flou demeure donc sur l’acceptation ou non de cette demande américaine.
Ce type de conditionnalité n’est pas nouveau dans les relations entre Washington et plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. Déjà sous la première présidence Trump, des sanctions avaient été envisagées contre certains États refusant de coopérer à la reconduite de leurs ressortissants expulsés. Cette nouvelle tentative traduit une volonté d’aligner les intérêts migratoires de l’exécutif américain avec sa diplomatie économique, au risque de braquer des partenaires africains sensibles aux enjeux de souveraineté.
Si le sommet a été présenté comme une opportunité de relancer les relations commerciales entre les États-Unis et des pays stratégiques d’Afrique de l’Ouest, l’épisode des expulsions révèle les rapports de force persistants. Le manque d’accords concrets à l’issue de ces trois jours illustre aussi les limites d’une diplomatie américaine qui cherche à conjuguer intérêts sécuritaires, ambitions économiques et pressions migratoires – au détriment, peut-être, d’un dialogue d’égal à égal.