La Cour criminelle ordinaire d’Antananarivo a condamné, jeudi 10 juillet, un homme de 24 ans à la castration chirurgicale et aux travaux forcés à perpétuité pour le viol et la tentative de meurtre d’une fillette de six ans. Les faits remontent à mars dernier dans la commune d’Imerintsiatosika, à une trentaine de kilomètres de la capitale. Cette décision marque la première application effective de la peine de castration à Madagascar.
Employé sur une ligne de taxi-brousse, l’accusé, surnommé Da-Willy, avait attiré sa jeune victime à son domicile sous prétexte anodin, avant de la violer, de la frapper, de l’étrangler et de lui infliger des brûlures à l’aide de mégots de cigarette. Il a été arrêté peu après les faits. Son procès, très suivi par l’opinion publique, s’est soldé par un verdict sans équivoque. Le ministère de la Justice, qui a commenté la décision avec la formule « Pas de pitié », entend faire de ce cas un signal fort à l’échelle nationale.
La peine de castration chirurgicale a été introduite dans la législation malgache en 2023, après des débats houleux. Validée par la Haute cour constitutionnelle (HCC), elle vise à répondre à une recrudescence alarmante des violences sexuelles contre les mineurs. Cette mesure, inédite dans le pays, s’inscrit dans une volonté politique affichée de dissuasion. Pourtant, sa mise en œuvre continue de susciter des tensions, notamment au sein du corps médical, dont une partie refuse d’y participer.
À ce jour, aucune date n’a été fixée pour l’intervention chirurgicale, qui devrait être menée par des médecins réquisitionnés par le ministère de la Santé. Mais la controverse grandit. L’Église catholique malgache, dans un communiqué publié en mai, a fermement dénoncé cette peine, qu’elle assimile à un acte de torture. Plusieurs organisations de défense des droits humains ont également émis des réserves, craignant une dérive punitive contraire aux principes fondamentaux des droits de l’homme.
Si le gouvernement malgache espère que cette condamnation exemplaire aura un effet dissuasif, une question demeure : peut-on éradiquer les violences sexuelles par des peines extrêmes sans adresser leurs causes profondes ? Dans un pays où la prise en charge des victimes reste lacunaire et la prévention quasi inexistante, le risque est grand que la justice se transforme en instrument de vengeance, plutôt qu’en outil de transformation sociale.