Le président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez a entamé le 16 juillet une visite officielle de deux jours en Mauritanie, accompagné d’une importante délégation ministérielle et économique. Ce déplacement marque la tenue du tout premier sommet bilatéral de haut niveau entre Nouakchott et Madrid, et la consolidation d’un partenariat stratégique sur les questions économiques, énergétiques et migratoires.
Cette visite intervient dans la continuité d’un rapprochement diplomatique engagé depuis plusieurs mois entre les deux pays. Outre les échanges politiques au plus haut niveau, le programme prévoit également un forum d’affaires centré sur les secteurs prioritaires : agroalimentaire, énergie, tourisme et infrastructures. Autant de domaines identifiés comme leviers de coopération pour renforcer les liens entre les deux rives.
Ce sommet s’inscrit dans un contexte de redynamisation des relations hispano-africaines. En août dernier, Pedro Sánchez avait entamé une tournée régionale incluant la Mauritanie, le Sénégal et la Gambie, avec pour ligne directrice la gestion concertée des migrations, la lutte contre les trafics et le soutien au développement. En février, Nouakchott avait déjà accueilli le président du gouvernement des îles Canaries, signe de l’intérêt croissant de l’Espagne pour ses voisins du sud.
La Mauritanie joue un rôle central dans le contrôle des flux migratoires vers l’Europe. Madrid s’efforce de conjuguer sécurité frontalière et mobilité encadrée. Lors de précédents échanges, Ghazouani avait plaidé pour un assouplissement des visas pour les officiels mauritaniens et la mise en place de mécanismes de migration circulaire. Sánchez, lui, insistait sur une migration « sûre, ordonnée et régulière », condition d’un partenariat durable selon lui.
La nouveauté de cette séquence diplomatique réside dans le lancement imminent de la plateforme numérique « Kantara », conçue pour simplifier les échanges commerciaux entre les deux pays. Cette initiative, couplée à la structuration du dialogue bilatéral à travers des instruments institutionnels, rapproche la Mauritanie du cercle restreint des partenaires stratégiques de l’Espagne en Afrique de l’Ouest.
Au-delà des intentions, cette visite devra produire des résultats concrets pour inscrire ce rapprochement dans la durée. L’implication directe de plusieurs ministres espagnols et de figures du secteur privé témoigne d’une volonté politique claire de faire de la Mauritanie un acteur de confiance dans la stratégie régionale de Madrid. Reste à voir si les engagements pris se traduiront en projets effectifs sur le terrain.