Le chanteur ivoirien Molare de son vrai nom Soumahoro Mauryféré, figure emblématique du coupé-décalé, a été placé en détention provisoire le 17 juillet à Abidjan. Il est poursuivi pour sa responsabilité présumée dans un accident de la circulation ayant coûté la vie à une jeune femme début juillet. Les autorités judiciaires ont émis un mandat de dépôt à son encontre, quelques jours après la plainte déposée par la famille de la victime.
L’accident s’est produit le 2 juillet alors que l’artiste circulait à bord d’un Vanderhall, un engin motorisé à trois roues. Selon des images de vidéosurveillance largement partagées, le véhicule aurait effectué un tête-à-queue avant de heurter violemment une piétonne. Grièvement blessée, cette dernière a succombé à ses blessures dès le lendemain. Molare, également touché, avait été hospitalisé.
L’affaire suscite une vive émotion en Côte d’Ivoire, où Molare jouit d’un statut particulier. Célébré comme l’un des pionniers du coupé-décalé, il a su reconvertir sa notoriété artistique en influence économique et institutionnelle. Il est notamment chevalier de l’ordre national du Mérite ivoirien. Cette stature publique confère à l’affaire une dimension symbolique forte, dans un pays souvent confronté à des scandales où la justice semble hésiter face aux figures en vue.
Depuis le drame, Molare a invoqué une défaillance mécanique pour expliquer la perte de contrôle. Il s’était publiquement engagé à soutenir la victime, avant d’exprimer son désarroi face à son décès. Malgré les excuses présentées par ses proches, la famille de la défunte a maintenu sa volonté d’obtenir justice. C’est dans ce contexte que la procédure judiciaire s’est accélérée.
Une vidéo diffusée ce jeudi 17 juillet, filmée à l’entrée du pénitencier d’Abidjan, montre Molare escorté par les forces de l’ordre, visiblement affaibli, bras en écharpe. Des détenus l’interpellent à son arrivée. Cette séquence, virale sur les réseaux sociaux, marque un tournant dans une affaire déjà très médiatisée. L’artiste devrait rester en détention dans l’attente de son procès, dont la date n’a pas encore été fixée.
Au-delà du fait divers, ce drame soulève des questions plus larges sur la responsabilité des personnalités publiques et l’indépendance de la justice face à leur statut. Si la procédure suit son cours sans interférence, elle pourrait devenir un précédent important dans un pays où l’impunité des élites est souvent dénoncée. L’opinion publique attend désormais que toute la lumière soit faite.