Le 21 juillet à minuit, Elecam a officiellement clos la période de dépôt des candidatures pour la présidentielle du 12 octobre 2025. À la surprise générale, 81 dossiers ont été enregistrés, pulvérisant le précédent record de 29 candidatures en 2018. Une affluence inédite, qui a maintenu en haleine les services de l’organe électoral jusqu’aux dernières minutes.
Ce chiffre spectaculaire intervient malgré un cadre légal particulièrement contraignant. Depuis la réforme électorale de 2012, les conditions de candidature ont été durcies : un parti politique doit disposer d’au moins un élu pour présenter un candidat, et la caution a été multipliée par vingt, passant de 1,5 à 30 millions de francs CFA. Pourtant, cette inflation des exigences n’a pas freiné les ambitions. L’exemple le plus flagrant reste celui de Daloutou Hamada, âgé de 31 ans, en dessous de l’âge légal requis (35 ans), mais dont la candidature a été tout de même déposée.
Parmi les postulants figurent des visages bien établis comme Paul Biya, 92 ans, au pouvoir depuis 1982, et une nouvelle fois candidat pour le RDPC. Il affrontera des challengers déjà connus, à l’image de Maurice Kamto (Manidem), Joshua Osih (SDF) et Cabral Libii, chacun en lice pour la deuxième fois. D’autres, comme Bello Bouba, font leur retour après des années d’absence. La scène politique voit également émerger de nouveaux prétendants comme Hilaire Macaire Nzipang ou Pierre Kwemo, tandis que des femmes comme Tomaïno Ndam Njoya affirment leur présence dans l’arène.
Le nombre élevé de candidatures pose un défi immédiat au Conseil électoral, qui devra examiner avec rigueur la conformité des dossiers. Le chaos s’annonce, notamment dans les cas de doublons ou triplons au sein d’un même parti, comme au RDPC, au Manidem ou à l’UPC. Ces situations inédites appellent à des clarifications urgentes pour éviter la confusion dans les bulletins de vote.
Au terme de l’examen d’Elecam, il reviendra au Conseil constitutionnel de valider, dans un délai de 12 jours, la liste définitive des candidats. Ce tri judiciaire s’annonce complexe au vu des irrégularités déjà apparentes dans plusieurs dossiers, et des tensions internes à certains partis qui pourraient faire l’objet de recours ou de contestations.
Ce foisonnement de candidatures traduit un malaise autant qu’une volonté de rupture. Alors que Paul Biya brigue un nouveau mandat après plus de quarante ans au pouvoir, la pluralité des candidatures montre une défiance croissante envers le monopole des partis traditionnels. Reste à voir si cette diversité résistera au filtre légal et si elle se traduira dans les urnes par une réelle recomposition du paysage politique camerounais.