Le président comorien Azali Assoumani évoque la nécessité d’un bilan des Accords de Fomboni, signés en 2001, provoquant une vive controverse politique. L’opposition y voit une tentative déguisée de supprimer le système de présidence tournante entre les îles de l’Union des Comores, pilier de la stabilité institutionnelle du pays depuis plus de deux décennies.
Cette initiative présidentielle suscite des réactions diamétralement opposées. Le gouvernement justifie cette démarche par la volonté de “reconnaître les erreurs pour mieux les réparer”, invoquant le contexte séparatiste qui avait présidé à la signature de ces accords. Houmed Msaidié, conseiller politique du chef de l’État, présente cette révision comme nécessaire “dans sa forme et dans le fond pour qu’on en tire le meilleur pour consolider l’unité nationale”. Il défend une approche de réconciliation nationale visant à “voir les blessures” et les “médicaments proposés pour guérir cette blessure”.
Les Accords de Fomboni, conclus en 2001, ont mis fin à la grave crise séparatiste d’Anjouan qui menaçait l’intégrité territoriale de l’Union des Comores. Ces accords ont instauré un système de présidence tournante entre les trois îles autonomes (Grande Comore, Anjouan et Mohéli), garantissant une répartition équitable du pouvoir exécutif. Ce mécanisme constitutionnel visait à apaiser les tensions inter-insulaires et à prévenir de nouveaux conflits sécessionnistes dans un archipel marqué par l’instabilité politique chronique depuis son indépendance en 1975.
Aucune date n’a été arrêtée pour cette éventuelle rencontre de révision, mais le débat politique est désormais ouvert. Les positions irréconciliables entre pouvoir et opposition laissent présager une période de tensions institutionnelles. L’issue de cette controverse pourrait déterminer l’avenir du système politique comorien et la stabilité de l’archipel, particulièrement dans le contexte sensible de la question mahoraise qui continue d’alimenter les frustrations nationales.
L’opposition, menée par Daoudou Abdallah Mohamed du parti Orange, rejette catégoriquement cette initiative. Le leader opposant dénonce “une manière de vouloir manipuler l’opinion nationale et internationale”, accusant directement Azali Assoumani de chercher à “s’éterniser au pouvoir et instaurer davantage sa dynastie”. Pour l’opposition, le véritable problème des Comores n’est ni les accords de 2001 ni la question de Mayotte, mais “Azali lui-même” et son “problème de légitimité”. Cette virulente opposition reflète la méfiance profonde envers les intentions présidentielles dans un pays où les coups d’État et les tentatives de prolongation de mandats ont jalonné l’histoire politique.
Cette polémique révèle les fragilités persistantes du système institutionnel comorien. La remise en cause des Accords de Fomboni intervient dans un contexte où Mayotte demeure sous souveraineté française, alimentant un sentiment d’inachèvement national. Le président Azali, qui a déjà modifié la Constitution en 2018 pour prolonger son mandat, fait face à des accusations récurrentes de dérives autoritaires. L’équilibre délicat établi par la présidence tournante, bien qu’imparfait, a néanmoins contribué à la stabilité relative de l’archipel ces dernières années.