Dans une lettre adressée à son Premier ministre François Bayrou, le président français Emmanuel Macron appelle à une position plus rigide à l’égard de l’Algérie. Révélé par Le Figaro le 6 août, ce courrier marque un tournant dans les relations déjà tendues entre Paris et Alger. Le chef de l’État demande notamment la suspension de l’accord de 2013 qui permettait aux détenteurs de passeports officiels et diplomatiques algériens d’être exemptés de visa pour entrer en France.
Dans cette lettre publiée par le quotidien français, Emmanuel Macron exprime son inquiétude face aux « difficultés croissantes » en matière migratoire et sécuritaire entre les deux pays. Il mentionne en particulier les cas de l’écrivain Boualem Sansal, condamné à cinq ans de prison en novembre 2024 pour « atteinte à l’unité nationale », et du journaliste Christophe Gleizes, condamné en mai à sept ans de prison pour « apologie du terrorisme ». Ces affaires, selon lui, illustrent le durcissement du régime algérien vis-à-vis des voix critiques et des ressortissants franco-algériens.
Les relations entre Paris et Alger oscillent depuis longtemps entre tensions et tentatives de rapprochement. Malgré des gestes symboliques de part et d’autre, les désaccords récurrents sur les expulsions de sans-papiers, la mémoire coloniale ou encore les libertés individuelles ont creusé le fossé. Déjà en 2021, Paris avait réduit l’octroi de visas aux Algériens pour protester contre le manque de coopération d’Alger dans les réadmissions. Cette fois, Macron va plus loin, ciblant directement les officiels du régime.
Le président confie à Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur et partisan d’un durcissement des mesures contre Alger, la mise en œuvre immédiate de la suspension de l’accord sur les visas diplomatiques. Il demande également à Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, d’en notifier les autorités algériennes. Macron lie ce durcissement à la présence en France de ressortissants algériens en situation irrégulière, qu’il souhaite voir traités avec une plus grande rigueur administrative.
Macron affirme que la France « ne peut se faire respecter que si elle-même respecte ses partenaires », y compris l’Algérie. Mais derrière cette posture d’équilibre, la stratégie est clairement celle de la pression. Le président français conditionne désormais tout futur apaisement à une réponse concrète d’Alger sur la coopération migratoire et consulaire. En d’autres termes, la balle est dans le camp des autorités algériennes.
Ce durcissement risque de compliquer encore davantage la coopération bilatérale dans des domaines sensibles, comme la lutte antiterroriste, les flux migratoires ou les relations économiques. Il pourrait également attiser les tensions dans la diaspora algérienne en France, particulièrement exposée aux répercussions de cette dégradation diplomatique. Alors que Paris durcit le ton, Alger pourrait à son tour riposter, comme ce fut le cas par le passé.