À la veille du 65ᵉ anniversaire de l’indépendance de la Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara a annoncé une revalorisation significative de la prime exceptionnelle de fin d’année des fonctionnaires. À partir de janvier 2026, celle-ci passera d’un tiers à deux tiers du salaire indiciaire mensuel de base. Pour les retraités, la mesure prendra effet dès septembre 2025 avec une hausse équivalente de leur pension.
Le chef de l’État justifie cette hausse comme une reconnaissance de l’engagement des fonctionnaires et des retraités au service de l’État. Il y voit également un moyen de faire profiter davantage les agents publics de la croissance économique du pays. Tout en appelant le secteur privé à suivre l’exemple, il a reconnu que malgré les récentes politiques sociales, une partie de la population continue de subir une érosion de son pouvoir d’achat.
Depuis plusieurs années, la Côte d’Ivoire affiche des indicateurs macroéconomiques en amélioration, portés par une croissance soutenue et une stabilité politique relative. Toutefois, cette dynamique s’est heurtée à des inégalités persistantes, un chômage des jeunes élevé et une inflation accrue sur les produits de base. L’annonce du 6 août s’inscrit dans une série d’initiatives visant à répondre à ces défis et à atténuer les tensions sociales latentes.
Outre la revalorisation des primes, le président a rappelé plusieurs mesures en faveur des ménages modestes : encadrement des prix, hausse des salaires les plus bas, et élargissement des filets sociaux. Le soutien aux femmes, à travers le Fonds d’appui aux femmes de Côte d’Ivoire (FAFCI), a permis d’accompagner plus de 420 000 entrepreneures. Ce dispositif sera renforcé pour élargir l’accès au crédit et favoriser l’autonomisation économique.
Le président a également insisté sur les dispositifs mis en place pour les jeunes. Grâce au Programme jeunesse du gouvernement, plus d’un million d’entre eux ont bénéficié, ces deux dernières années, de formations, d’initiatives d’insertion professionnelle ou de projets d’entrepreneuriat. Des filières comme l’agriculture, le numérique ou le volontariat sont au centre de cette stratégie destinée à créer des débouchés durables.
Si la mesure est bien accueillie dans un climat social tendu, elle intervient aussi dans un contexte politique particulier. À un an de la présidentielle de 2026, le président Ouattara, qui ne s’est pas encore exprimé sur une éventuelle candidature, soigne son image d’homme d’État soucieux du bien-être des populations. Cette annonce, aux allures de geste social fort, pourrait aussi être perçue comme un signal à l’électorat et aux syndicats.