L’ex-Premier ministre malien Choguel Kokalla Maïga a été placé en garde à vue mardi 12 août 2025 par la brigade du Pôle national économique et financier de Bamako. Cette mesure intervient dans le cadre d’une enquête pour malversations présumées liées à la gestion de la Primature et du Fonds d’accès universel (AGEFAU), suite à un rapport du Bureau du Vérificateur général.
La garde à vue fait suite à une audition qui s’est tenue le 1er août, portant sur des accusations de détournement de fonds publics et d’irrégularités financières graves. Parmi les faits évoqués, le rapport pointe notamment des dépenses excessives et injustifiées, comme 15 millions de FCFA engagés pour une simple cérémonie d’une journée à Konobougou, alors que la réglementation fixe un plafond à 75 000 FCFA par jour. Le document relève aussi des contrats attribués sans appel d’offres ni transparence, ainsi que des dépenses contestées dans la gestion du Fonds AGEFAU, dont Choguel Maïga était le président du conseil d’administration.
Ce dossier s’inscrit dans un contexte politique tendu. Depuis son limogeage en novembre 2024, Choguel Maïga ne cachait plus son opposition aux autorités militaires qui dirigent la transition, critiquant notamment la prolongation unilatérale de cette période sans concertation gouvernementale. L’enquête sur la Primature intervient dans un climat de suspicion généralisée quant à la gestion des deniers publics sous la transition militaire.
À l’avenir, cette affaire pourrait avoir des répercussions politiques importantes. Elle révèle une volonté des autorités de renforcer le contrôle sur les responsables civils et d’assainir la gestion publique, mais pourrait aussi être perçue comme un instrument politique visant à neutraliser un opposant. La suite de l’enquête, avec notamment des confrontations prévues entre Maïga et plusieurs de ses anciens collaborateurs, s’annonce cruciale pour l’évolution du dossier.
Le communiqué de l’avocat de Choguel Maïga, Me Cheick Oumar Konaré, insiste sur la présomption d’innocence dont bénéficie son client. Toutefois, la gravité des accusations et la mise en garde à vue d’autres proches collaborateurs, dont l’ancien directeur de cabinet Issiaka Ahmadou Singaré, démontrent que cette affaire est prise très au sérieux par la justice malienne. Elle soulève aussi des questions sur la gouvernance et la transparence au sommet de l’État durant cette phase critique.