L’Inde et la Chine ont entamé des discussions pour relancer leur commerce frontalier, interrompu depuis cinq ans. Selon des responsables des deux pays, cette initiative marque un pas vers un dégel progressif des relations bilatérales. Une visite officielle du ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, à New Delhi est prévue, renforçant l’élan diplomatique amorcé ces derniers mois.
Historiquement, les échanges par les cols himalayens représentaient un volume limité, mais leur reprise aurait une forte valeur symbolique. Elle témoignerait d’une volonté de coopération dans un contexte où New Delhi et Pékin rivalisent pour l’influence stratégique en Asie du Sud. Les tensions commerciales mondiales, notamment la guerre tarifaire liée aux droits de douane américains, semblent avoir incité les deux puissances à rouvrir un dialogue direct.
Les relations sino-indiennes avaient été profondément affectées par un affrontement frontalier en 2020, qui avait entraîné une rupture de confiance durable. Depuis, plusieurs rencontres ministérielles ont tenté de rétablir le dialogue, dont la visite à Pékin du chef de la diplomatie indienne, Subrahmanyam Jaishankar, en juillet dernier. Pékin a rappelé que la coopération commerciale frontalière avait historiquement contribué à améliorer les conditions de vie des populations locales.
La relance de ces échanges intervient alors que les relations entre l’Inde et les États-Unis se tendent. Washington a menacé de doubler les droits de douane sur certaines importations indiennes, passant de 25 % à 50 % dès le 27 août, si New Delhi ne réduit pas ses achats de pétrole russe. Cette pression américaine pourrait inciter l’Inde à diversifier ses partenariats, notamment avec la Chine, pour préserver sa marge de manœuvre économique et diplomatique.
Selon la presse indienne, le Premier ministre Narendra Modi pourrait se rendre en Chine fin août, pour la première fois depuis 2018. Bien qu’aucune confirmation officielle n’ait été donnée, Pékin s’est dit prêt à l’accueillir dans le cadre du sommet annuel de l’Organisation de coopération de Shanghaï. Une telle rencontre constituerait un signal politique fort, même si les différends frontaliers restent entiers.
Si cette reprise commerciale pourrait amorcer un réchauffement, les observateurs restent prudents. Les tensions stratégiques, la méfiance militaire et la rivalité d’influence ne disparaîtront pas à court terme. Toutefois, la réouverture des échanges frontaliers serait un geste concret, susceptible d’apaiser partiellement les tensions et de créer un terrain favorable à de futurs compromis.